1. Transgenre de quoi parle-t-on ?
De manière restrictive, on peut définir une personne transgenre comme une personne dont l’identité de genre (féminine, masculine, ou non-binaire) ne correspond pas au genre assigné à la naissance (masculin ou féminin). Une personne qui n’est pas trans est une personne cisgenre. Attention, n’utilisez pas le terme "transexuel" ou "transexuelle", qui médicalise et qui est considéré comme stigmatisant et transphobe par les personnes trans. Rappelons que ce n'est que depuis 2019 que l'Organisation Mondiale de la santé (World Health Organization (WHO) ne considère plus le « transsexualisme » comme une maladie mentale…
Certains dissocient les personnes transgenres des personnes non-binaires ou #genderfluid et qu'ils décrivent comme les personnes qui ne se reconnaissent ni exclusivement dans le genre féminin, ni exclusivement dans le genre masculin. C'est le choix par exemple du Canada, qui a été le premier pays en 2021 à produire des données sur les personnes transgenres et les personnes non binaires à l'aide du recensement. Pour l'identité de genre, Statistics Canada | Statistique Canada distingue les personnes cisgenres, les personne transgenres et les personne non binaires.
D'autres définissent le terme transgenre dans une acception plus large, mais cette approche est contestée par certains non-binaires et transgenres. Selon cette définition, être transgenre consiste à ne pas s'identifier au genre qui a été assigné à la naissance. Le terme "transgenre" est un nom collectif désignant une multitude d'identités et d'expressions de genre, telles que "homme/femme trans", "non-binaire" ou "genderqueer". Le terme "transgenre" devient un concept général qui englobe toute une série d'identités et d'expressions de genre. Les différentes identités de genre liées au terme "transgenre" sont regroupées sous le nom de "Parapluie Transgenre" qui est censé refléter la diversité des expériences de genre.
2. Combien de personnes s’identifient comme transgenres ?
Dans l’enquête Ipsos « LGBT+ pride 2023 » réalisée dans 30 pays, 1 % des répondants se disent transgenres, 1 % non binaires/gender-fluid, et 1 % autres qu'hommes ou femmes (la part moyenne de la population LGBT+ s'élève à 9 %).
Si j’extrapole, rapportées à la population mondiale de 8 milliards d’individus, les personnes transgenres seraient au nombre de 80 millions, soit l’équivalent de la totalité de la population allemande…En intégrant à la fois les personnes qui se disent transgenres, non binaires et qui se décrivent comme autres qu'hommes ou femmes, le pourcentage atteint 3 %. Dans ce cas mon extrapolation monte à 240 millions...
Il n’y a pas de différence de proportion de personnes qui s’identifient comme trans, selon les générations (alors qu’elle existe pour les non binaires, selon la catégorisation d'IPSOS).
Et en France ? 1 % des répondants se disent également transgenres, 2 % se disent non-binaires et 1 % se décrivent comme autres qu'hommes ou femmes, soit un total de 4 %. Mais ce pourcentage monte à 11 % pour la Génération Z (c'est à dire pour les personnes nées en 1997 et après).
3. Cette journée du 31 mars, de quoi s'agit-il ?
Cette journée est l'occasion, chaque année de célébrer les personnes transgenres et de faire prendre conscience de la #discrimination qu'elles subissent dans le monde entier. Elle est appelée également #TDoV (#TransDayofVisibility ou #TransgenderDayofVisibility).
4. Quelle en est l'origine de cette journée ?
La journée a été créée dans le Michigan par la militante transgenre Rachel Crandall, en 2009, en réaction au manque de journée de célébration LGBT+ consacrée aux personnes transgenres (la seule journée consacrée aux personnes trans était celle du souvenir trans qui commémore les personnes transgenre assassinées pour motif transphobe). En France, le premier événement français a eu lieu en 2018 à Paris, coorganisé par l' Inter-LGBT, Pari-T, le centre LGBT Paris Île de France, les associations Bi’Cause et MAG Jeunes LGBT.
5. Quel est le drapeau trans ?
Le drapeau le plus répandu est le drapeau créé par Monica Helms en 1999. Il a été montré pour la première fois durant la marche des fiertés de Phoenix, en Arizona en 2000. Les bandes bleu clair sont associées à la couleur traditionnelle des garçons, les bandes roses ont la couleur traditionnelle des filles. Le blanc représente ceux en transition ou qui se considèrent comme ayant un genre neutre ou indéfini.
6. Les personnes transgenres sont-elles visibles ?
L’enquête dans les 30 pays révèle que seuls 13 % des personnes trans sont visibles (et 12 % pour les personnes non binaires). Pour les Générations Z, la visibilité est supérieure (17 % pour les personnes transgenres et 18 % pour les personnes non binaires). En France, cette proportion est très inférieure (8 % pour les personnes transgenres et 7 % pour les personnes non binaires).
Et au #travail ? En France, seulement 9 % des personnes transgenres et non binaires déclarent leur identité au travail, selon une récente étude menée par le Boston Consulting Group (BCG) en partenariat avec Harvard Business Review Harvard Business et têtu•connect. Comparé à huit pays étudiés, la France est dernière, dix points en dessous de la moyenne. Pour rappel, le baromètre LGBT+ L'Autre Cercle - GROUPE IFOP 2023 révélait que pour l'ensemble des personnes LGBT+, 1 personne sur 2 n’est pas visible dans son organisation.
En échangeant avec plusieurs personne trans, il ressort que la notion de visibilité est discutable. En effet beaucoup d'entre elles ne veulent pas être visible après leur transition, même si elles souhaitent que leur existence soit reconnue en tant que groupe et non pas individuellement. Il est d'ailleurs regrettable que les personnes trans soient repérées dans l'espace public et l'objet justement de transphobie.
7. Quelle est la réalité de la transphobie ?
Dans cette même enquête IPSOS, dans les 30 pays, 67 % des personnes interrogées estiment que les personnes transgenres sont victimes de #discriminations (en France 63 %), contre 19 % qui pensent qu’elles n’en subissent pas ou peu.
C'est dans les pays hispanophones et lusophones que la perception de la discrimination est la plus élevée, et en Suisse, en Allemagne et au Japon qu'elle est au contraire la plus faible.
Une nette majorité des répondants dans les 30 pays (76 % en moyenne, versus 77 % en France) juge que les personnes transgenres devraient être protégées contre les #discriminations en matière d'emploi, de logement et d'accès à des services tels que les restaurants et les magasins.
ILGA-Europe, dans son rapport publié en février de cette année, a d’ailleurs constaté une nette accumulation de discours haineux à l'encontre de la communauté LGBTI de la part d'hommes politiques dans 32 pays européens - dont 19 États membres de l'UE - au cours de l'année écoulée. La Croatie, l'Irlande, la Slovaquie, l'Espagne et la Suède figurent parmi les États membres où la rhétorique transphobe est en hausse, tandis que la transphobie a également été détectée dans les discussions parlementaires au Danemark, en Finlande, aux Pays-Bas et au Portugal.
En France, l’aggravation de la transphobie est également constatée par SOS homophobie, dans son rapport sur les lgbtphobies 2023 : en 2022, le nombre de cas de transphobies qui ont été rapportés a augmenté de 35 % par rapport à 2020 (27 % par rapport à 2021). La population concernée est jeune. Le rejet en est la manifestation de loin la plus commune. Les femmes trans sont les principales victimes. Les contextes des agressions les plus courants sont les commerces et administrations (20 % des cas), Internet (18 %), la famille et l’entourage (13 %).
8. Quels sont les droits des personnes trans dans le monde ?
Selon le rapport ILGA 2020, 13 pays membres de l'ONU criminalisent encore et de façon explicite les personnes transgenres dans leur loi. C’est le cas par exemple de l’Indonésie, de la Jordanie, du Koweït, de la Malaisie ou des Émirats Arabes Unis.
Seule une quinzaine de pays accorde le droit à l'autodétermination de l'identité des personnes transgenres, comme l’Argentine, pionnière en la matière (2012). En Europe, 11 pays disposent de procédures légales de reconnaissance du genre fondées sur l'autodétermination de la personne (Belgique, Danemark, Finlande, Islande, Irlande, Luxembourg, Malte, Norvège, Portugal, Espagne et Suisse).
Aux États-Unis, les personnes transgenres sont malheureusement ciblées par de nombreuses propositions de loi des républicains pour restreindre leurs droits. Par exemple, en Floride, des interdictions sévères sont imposées aux mineurs transgenres, qui dorénavant ne pourront plus bénéficier d’une thérapie hormonale, de bloqueurs de puberté ni d’opérations chirurgicales de réassignation sexuelle. Ces traitements et interventions seront désormais considérés comme de la maltraitance infantile. Si un mineur transgenre y a recours, la justice pourra ordonner son retrait temporaire du domicile familial.
Depuis 2023, en Russie, la loi interdit aux personnes transgenres toute transition et met fin à leur droit d'adopter des enfants. Les mariages entre personnes trans seront « annulés ».
9. Quels sont les droits des personnes trans en France ?
Depuis 1992, l’État français permet aux personnes transgenres de modifier la mention de sexe à l’état civil.
Depuis 2016 les personnes transgenres n’ont plus à démontrer de transformation physique irréversible pour obtenir le changement de la mention de sexe à l’état civil. La loi française de 2016 impose de démontrer que le sexe mentionné à l’état civil ne correspond pas à l’identité de genre et à l’expression de genre. Si en 2015, le Conseil de l'Europe a enjoint aux pays européens d'instaurer des procédures rapides, transparentes et accessibles, fondées sur l'autodétermination, la France n’accorde pas le droit à l'autodétermination en autorisant le changement de genre sur simple demande administrative.
Par ailleurs, selon l’Article 225-1 du code pénal, constitue une #discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques sur le fondement de… leur identité de genre.
Enfin, selon l’Article 225-4-13 du code pénal, les pratiques, les comportements ou les propos répétés visant à modifier ou à réprimer…l'identité de genre, vraie ou supposée, d'une personne et ayant pour effet une altération de sa santé physique ou mentale sont punis de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.
10. Les adolescents doivent-ils être autorisés à un parcours de transition ?
Dans l’enquête IPSOS, pour les 30 pays interrogés, ce sont 60 % des personnes interrogées qui estiment que les adolescents transgenres devraient être autorisés à accéder à des parcours de transition de genre s’ils disposent du consentement de leurs parents (en France 55 %).
Qu’en est il de la loi en France ? Un mineur à qui l'on diagnostique une "dysphorie de genre", c'est-à-dire une détresse liée à l'inadéquation entre le genre ressenti et son sexe de naissance, peut se voir prescrire des bloqueurs de puberté à la préadolescence, puis, à partir de 16 ans, des traitements hormonaux féminisants ou masculinisants. Les chirurgies de réassignation ne sont accessibles qu'à partir de 18 ans, à l'exception de la torsoplastie (transformation de la poitrine féminine en torse masculin) qui peut, dans certains cas, être autorisée pour des adolescents. Ces procédures se font avec l'accord des parents, et après en avoir discuté avec le jeune patient et l'ensemble de l'équipe médicale.
Ce mois-ci, des sénateurs Les Républicains envisagent de déposer avant l’été 2024 une proposition de loi visant à interdire aux mineurs d'effectuer une transition de genre. Au cours du même mois, le National Health Service (NHS), l’autorité administrant les établissements publics de santé en Angleterre, a décidé d’interdire la prescription régulière de bloqueurs de puberté à des mineurs présentant des dysphories de genre.
Très belle journée internationale de la visibilité transgenre. Contribuons tous à davantage d'#inclusion de toutes et tous, quelle que soit l'identité de genre.
Merci à Anne-Gaelle Duvochel et Claire Aurore Emma LAMBERTI she/her pour votre relecture attentive :)
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