S’il est bien un domaine où les clichés ont la vie dure, c’est bien celui de la discrimination. A tel point que derrière les préjugés qui conduisent aux pratiques discriminatoires, se trouvent une sorte de « sous-couche » de strate inférieure ; d’autres préjugés dont nous parlons trop peu.
J’ai choisi aujourd’hui d’évoquer rapidement la personnalité de deux « briseurs de clichés » : Patrick Scharnitzky et Marie Milis, tous deux venant d’horizons totalement différents.
J’ai sous la main le livre de Patrick Scharnitzky, docteur en psychologie sociale « Les pièges de la discrimination » paru en 2006 aux éditions de l’Archipel. A sa manière, scientifique et « raisonnable », c’est un iconoclaste qui interpelle et dérange la perception trop manichéenne que nous serions tentés d’avoir face aux pratiques discriminatoires.
Que dit en substance Patrick Scharnitzky ?
Nous avons trop tendance à réduire le discriminateur au rôle de Grand Méchant Loup qu’il convient, lorsqu’il est confondu, d’ostraciser. Pour l’auteur (je reprends ici un extrait d’une interview donnée à Evene.fr « On considère que celui qui est identifié comme un acteur de la discrimination ne mérite pas de s'exprimer. En l'écartant, on se donne l'illusion qu'on en est protégé. » Patrick Scharnitzky se garde bien de justifier les actes de discrimination mais estime « qu'il est réducteur de ranger les individus en deux catégories morales entre les gentils qui sont ouverts et tolérants et les méchants qui discriminent. L'acte de discrimination est le plus souvent un choix indiscutablement condamnable, mais les prédispositions mentales à cet acte sont pour la plupart automatiques et universelles. Les moyens de s'en défaire sont multiples mais dépendent d'un enchevêtrement de facteurs psychologiques, sociaux, et affectifs contre lesquels il est difficile de lutter. Il faut donc, selon moi, éduquer, discuter, et aider à prendre du recul plutôt que condamner de façon définitive. »
On ne saurait être plus clair.
Mais je vous invite à lire l’ouvrage de Patrick Scharnitzky afin de mieux cerner les ressorts psycho-sociaux qui tendent à aboutir à ce raisonnement : nul ne sert de discriminer le discriminateur pourrait-on dire...
Deuxième iconoclaste en la personne de Marie Milis, dont vous voyez la vidéo ci-dessous. Marie Milis chercher à briser, quant à elle, l’image dépréciative que se renvoient trop souvent les personnes discriminées. Dans ce film, elle évoque plus particulièrement les jeunes issus des banlieues.
Le constat de cette mathématicienne-poète – telle qu’elle se présente – c’est que ces jeunes ont besoin d’être sortis du cercle vicieux dans lequel ils cultivent leur incapacité à avancer. Cela, nous le savions déjà, mais la démarche de Marie Milis devient originale et intéressante avec l’outil qu’elle propose à ces jeunes et aux personnes discriminées en général : l’autolouange.
Evidemment, lorsqu’on entend le mot louange, on ressort l’encens et la chasuble du curé. Erreur. L’autolouange est en fait une pratique ancestrale africaine utilisée en prévision des noces... ou pour la recherche d’un travail. En quoi consiste-t-elle ? Tout simplement à opérer un rapide retour sur soi, sur ce que l’on sait faire, ses talents, ce qu’on a vécu, ce que l’on a surmonté, etc. Et ensuite ? Et bien, il ne reste plus qu’à composer un petit discours, ou mieux encore à trouver une phrase (on dirait aujourd’hui un pitch) qui résume et annonce la valeur que l’on porte. Bref, la personne s’envoie des fleurs et c’est bon pour son moral !
Ramené à la problématique des personnes discriminées qui encore une fois, tendent parfois à se déprécier à force de recevoir des signaux négatifs des autres, cette petite technique prônée par Marie Milis ne manque pas d’attraits.
Photo Evene.
Marie Milis: L'autolouange. Présentation
Vidéo envoyée par Itineraires
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