L’étude Manpower embrassant la situation du recrutement dans 33 pays vient de sortir. Sa conclusion pourrait se résumer par une formule : « no panic ».
Les Echos en parlent ici (LIEN). Pour faire simple, il ressort de cette étude que la tendance mondiale (et américaine) est au statu quo. Qu’en est-il en France me direz-vous ?
La France (et le Royaume-Uni) se trouvent dans une situation légèrement délicate avec une baisse de -2% du solde d’emplois en données corrigées des variations saisonnières. On est assez loin cependant du méchant trou d’air que subissent les Espagnols (-9%), les Italiens (-9% également) et les Irlandais (-12%).
Mais venons-en plus précisément à l’emploi cadre en France, un élément que l’étude Manpower ne mentionne pas.
Là, le professionnel du « recrutement cadre » que je suis doit bien admettre que les choses se gâtent ; avec un recul sévère du nombre des offres d’emplois.
Ainsi en février dernier, si l’Apec prévoyait avec optimiste entre 200 000 et 219 000 recrutements de cadres pour l’année 2008 ( 208 000 recrutements en 2007), on s’achemine semble-t-il désormais vers le chiffre nettement à la baisse de 150 000 recrutements. On est là dans un niveau d’activité comparable à celui de 2004 tel que le graphique de l’Apec vous le montre ci-dessous.
Pour parler de mon expérience personnelle, j’observe bien sûr un ralentissement des offres à destination des cadres de la part de nos clients - ce n’est malheureusement pas sans conséquences - mais je pense qu’il faut garder à l’esprit une dimension essentielle : le terrain est « sain ». j’entends par là du point de vue de l’activité des cabinets de recrutement.
Nous ne sommes pas engagés dans une crise structurelle du recrutement, cette crise est vraiment conjoncturelle dans le sens où même en situation de récession, l’économie française pâtit d’un trop faible nombre de cadres disponibles (sous réserve de leur employabilité) pour les entreprises.
La pénurie des compétences s’inscrit dans le temps long du renouvellement générationnel. Rapporté aux besoins de développement des entreprises, cela nous donne un niveau de chômage des cadres très bas : 3,8% (Apec). Un chiffre qui autorise à parler de plein emploi des cadres – avec toutefois d’importants guillemets à placer concernant l’emploi des cadres seniors.
Au bout du compte, l’activité des entreprises ne sera pas longtemps tenable si elles ne recrutent pas afin de compenser les départs à la retraite et ce, même dans le cas d’une économie morose. Un attentisme prolongé aurait en effet pour conséquence de laisser des « trous » provoquant de la désorganisation dans les services, une surcharge pour les cadres se voyant attribuer les tâches du cadre en situation de départ, etc. In fine, un gel du recrutement trop prolongé risque de se payer cher en terme de compétitivité...
Vous allez me dire que je prêche pour ma chapelle de recruteur, mais je crois sincèrement que les entreprises ont intérêt à détecter dès maintenant les talents qui les feront avancer, avant que la reprise économique ne revienne et que tout le monde ne se dispute les bonnes compétences.
C’est un peu comme la Bourse ou certains, comme Warren Buffet, n’hésitent pas à dire que les bons investissements sont à faire maintenant ; avant que ça ne remonte...
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