Si l’on veut positiver, il faudra voir dans l’embellie que l’on constate autour des métiers de l’artisanat, le signe précurseur d’une reprise des recrutements. Ainsi, selon le Monster Index de ce mois de mars 2009 affiche t-il pour les « artisans et ouvriers des métiers de type artisanal » un indice de 272 pour mars contre 256 pour février. Or cet indice de mars s’approche de celui d’août 2009 (279) juste avant l’éclatement de la crise dans l’économie réelle. Il serait tentant d’y voir une éclaircie d’autant que certains secteurs d’activité font également remonter leur indice : ceux du « secteur public, défense et collectivités » (+20 entre février et mars) et ceux de « l’ingénierie » (+21).
Bien. Je vous entends d’ici me disant : mais les autres secteurs, notamment le privé, l’industrie, les services ? Evidemment, ce n’est pas brillant puisqu’on oscille entre continuation de la baisse et morne stagnation. A titre d’exemple, le « conseil et management » passe de 113 à 108, la « vente » de 122 à 115, la « comptabilité, audit conseil fiscal » de 149 à 144...
Par ailleurs, si l’on prend spécifiquement l’emploi des cadres et dirigeants, l’atonie domine encore avec une baisse de 11 points (110 en mars contre 121 en février).
L’étude Apec récemment parue confirme tout à fait le désenchantement qui gagne les entreprises, je cite : « Moins d’une entreprise sur deux (44%) a recruté au moins un cadre au cours du premier trimestre 2009, contre 56% l’an passé, soit un recul de 12 points. »
Si l’on se penche du côté maintenant de l’enquête BMO du Pôle Emploi qui mesure les intentions de recrutement des employeurs pour 2009, on perçoit que les emplois cadres de l’informatique, du commercial et de la recherche recueillent comme toujours les principales demandes des entreprises. Pour les cadres, on note ainsi 131 736 prévisions d’embauches dont 36 717, rien que pour l’informatique (un chiffre qui est loin de faire l’unanimité chez les professionnels)*.
Côté secteur, c’est « l’industrie chimique, pharmaceutique et raffinerie » qui se montre la plus dynamique avec 28,2% des entreprises déclarant vouloir embaucher, mais c’est un marché assez étroit (4817 intentions de recrutement), pour le reste les secteurs gros demandeurs de cadres (BTP, industrie) sont « parmi les plus touchés » pour reprendre l’expression de l’enquête BMO-Pôle Emploi.
Quelles impressions retirer de ces deux bulletins en particulier pour l’emploi cadre ? On sent que les entreprises font encore le dos rond par rapport à la crise et se concentrent sur les postes de cadre indispensables à leur compétitivité pour le court-terme, en l’occurrence l’informatique et le commercial ; elles tendent davantage à reporter leurs embauches dans les autres fonctions. Pour le dire autrement, l’iceberg s’est un peu enfoncé (provisoirement bien sûr, car il fluctue avec la conjoncture) pour ne laisser apparaître que son extrême pointe : l’emploi de cadres en informatique, commerce et recherche.
A cette heure, tout le monde guette les manchettes des journaux pour espérer y lire des propos encourageants, il est nécessaire de guetter les moindres évolutions pour sentir les tendances, prendre les bons vents, changer de cap, en reprendre un autre, observer l’horizon, anticiper la météo... La crise, une affaire de navigateur...
* Selon le Syntec informatique, l’enquête BMO prend notamment en compte les recrutements réalisés en interne, ce qui réduit singulièrement le nombre d’emplois nets créés...
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