6 février dernier, 19h17. Je reçois un mail forwardé par un ami :
"Madame, Monsieur
Retrouvez nos Prestations et Tarifs sur www.////////.com en matière d’Assistance au Recrutement par la Graphologie, la Numérologie, l’Astrologie et le Décodage de Nom et Prénom.
Afin de faire connaissance, je me permets de vous offrir la 1ère Etude personnalisée d’un candidat.
Avec votre accord, je vous enverrai par mail un test à lui faire remplir ainsi que la liste des renseignements à me fournir.
Vous recevrez l’analyse dans les 72H.
Bien cordialement,
Christelle du ///////////// (nom de l'entreprise)"
Alors évidemment, je me dis ceci : c'est une blague, un canulard, un mail envoyé par un copain ou une copine qui connaît mon aversion pour ces "techniques" de recrutement indiqué dans le mail (et ne comptez pas sur moi pour leur faire la moindre publicité !)
Oui mais voilà, il y a tout de même un lien au nom de l'entreprise... et non, je ne rêve pas, il est bel et bien proposé de faire établir une étude grapholomachin. Evidemment, je me demande si tout à coup je n'ai pas basculé dans la quatrième dimension (voire la cinquième que sais-je), mon agenda me confirme bien que nous sommes en 2010 et non en 1974 ou je ne sais quelle autre époque au sein de laquelle proliférait ce genre de cabinet...
Si donc, je ne rêve pas, c'est que cette activité est encore possible, pire, que des entreprises peuvent recevoir ce mail et souscrire !
J'entends d'ici, de douces voix me murmurer à l'oreille "mais enfin Alain, on est en République, les gens sont libres de proposer ce genre de choses, d'autres sont libres de les acheter, ils ne font de mal à personne." en clair : "laissez-les vivre !"
Seulement voilà, à mon sens, ces gens n'insultent pas seulement le métier auquel j'appartiens, ils ne font pas seulement injure aux candidats, il ne se contentent pas de tromper les recruteurs des entreprises en leur proposant des techniques d'un autre âge ; ces gens ne s'inscrivent tout simplement pas selon moi dans la loi.
Petit rappel pour celles et ceux à qui il faudrait rafraîchir la mémoire (Loi n° 92-1446 du 31 décembre 1992 relative à l’emploi, au développement du travail à temps partiel et à l’assurance chômage, voir également Circulaire n° 93-10 du 15 mars 1953 relative à l’application des dispositions relatives au recrutement et aux libertés intellectuelles) :
"Les informations demandées à un candidat à un emploi ne peuvent avoir d’autres finalités que d’apprécier sa capacité à occuper l’emploi proposé ou ses aptitudes professionnelles.
Les méthodes doivent être pertinentes
Comme l'énonce le code du travail, les informations demandées à un candidat, ayant pour objectif exclusif d’apprécier sa capacité à occuper l’emploi, doivent présenter un lien direct et nécessaire avec celui-ci (Les méthodes doivent être pertinentes au regard de la finalité poursuivie).
Une Information préalable auprès du candidat est obligatoire
Le dispositif d’évaluation doit faire l’objet d’une information préalable auprès du candidat. Ainsi, l’employeur est tenu d’informer les candidats à un emploi, des méthodes et techniques d’aide au recrutement qui vont être utilisées à leur égard (Code du travail). Si la loi ne prévoit pas l’obligation d’une information par écrit, cette pratique est cependant souhaitable (circulaire du 15 mars 1993) afin d’éviter tout contentieux. Aucune information concernant personnellement un candidat à un emploi ne peut être collectée par un dispositif qui n’a pas été porté préalablement à la connaissance de ce dernier (Code du travail). La loi Informatique et Libertés apporte des précisions à ce sujet.
En application de la loi du 6 janvier 1978 et du Code du travail, tout candidat peut obtenir communication des informations le concernant (droit d’accès). Ce droit à l’information est étendu au comité d’entreprise : celui-ci est informé, préalablement à leur utilisation, des méthodes et techniques d’aide au recrutement des candidats à un emploi ainsi que des modifications éventuelles de celles-ci (Code du travail). Les délégués du personnel ont un droit d’alerte dans le cas où ils constateraient une atteinte au droit des personnes ou aux libertés individuelles."
J'ai déjà évoqué la graphologie récemment. Que nous vaut cette soudaine résurgence ? je l'ignore. Toujours est-il que l'on peut se désoler de l'absence - à ma connaissance - de réaction du ministère du Travail face à l'activité, que dis-je, l'activisme de ces personnes.
Pour le dire clairement, je ne comprends pas que le ministère puisse tolérer encore ces pratiques. J'en parlais déjà dans mes ouvrages "le recrutement dans tous ses états" en 2002 et "Recrutement les meilleures pratiques" en 2005... Or nous sommes - toujours si j'en crois toujours mon agenda - en 2010...
Mon opinion je le sais, est assez tranchée, mais je ne crois pas que naissent de sitôt un graphologue capable de me convaincre du bien fondé de sa technique !
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