La journée de la femme va égrener son lot de faits, de chiffres, de constats, pour nous dire ce que nous savons déjà : en matière d’égalité professionnelle et de mixité, la France fait figure de très mauvais élève. Les lois sont votées, les outils existent, et pourtant, le plafond de verre pèse toujours aussi lourd et les différences de salaire s’inscrivent en lettre de plomb en bas des feuilles de paie.
Des entreprises, grands groupes et PME, se sont engagées dans une véritable politique d’égalité salariale mais cette volonté, née souvent de la conviction d’un dirigeant, d’un DRH, est loin d’infuser la majorité des sociétés.
Et pourtant, les chiffres sont éloquents. Plusieurs études, menées en France et aux Etats-Unis, démontrent en effet que les entreprises les plus féminisées affichent les meilleurs résultats en terme de performances économiques. Depuis 2007, le cabinet McKinsey & Company publie annuellement une enquête, Women Matter, menée auprès de 300 sociétés. La dernière édition confirme que les entreprises qui ont une plus forte représentation de femmes dans leur comité de direction sont aussi les plus performantes financièrement et ce, dans tous les secteurs économiques.
Selon l'ONG américaine Catalyst, qui a réalisé des études au sein des 500 premières entreprises mondiales, entre 1996 et 2000, la rentabilité des entreprises plus mixtes était de 35% supérieure aux autres, ce chiffre grimpant jusqu'à 53% en 2007.
Des chiffres corroborés par les recherches de Michel Ferrary, professeur de management à la Skema Business School et fondateur de l'Observatoire de la féminisation des entreprises françaises. Selon lui, les entreprises du CAC 40 dont le taux d'encadrement féminin est supérieur à 35% ont vu leur chiffre d'affaires, leur rentabilité, leur productivité et la création d'emplois croître considérablement. Ce qui représente, entre 2002 et 2006, une croissance de 23 % de leur CA, contre seulement 14 % pour les entreprises présentant un taux inférieur de féminisation.
Or, si la loi, qui impose 40% de femmes dans les conseils d’administration à l’horizon 2016, a incité les entreprises à faire évoluer leurs pratiques (en deux ans, la part des femmes dans les CA est passé de 7,5 à 17%, et même 20% dans les sociétés du CAC 40), force est de constater que les instances dirigeantes, comme les Codir ou les Comex, peinent à ouvrir leur porte aux femmes.
Quelques chiffres, encore : les femmes représentent 60% des diplômés de l’enseignement supérieur mais 27% des cadres et 16% des chefs d’entreprise. Quant aux comités exécutifs, elles n’y sont présentes qu’à 7% dans les sociétés cotées et 9% dans les entreprises du CAC40 (source OFG). Sur les 450 premières entreprises de France, une dizaine seulement sont dirigées par des femmes. Au sein des 5000 plus grandes entreprises de France, 11% des 30 000 cadres dirigeants sont des femmes, la moitié d’entre elles assurant des fonctions aux ressources humaines. D'après une enquête publiée en février 2011 par le cabinet Mercer, peu d’efforts sont engagés afin de faire évoluer la situation: quatre entreprises sur cinq n'offrent aucun programme particulier pour soutenir l'accès des femmes aux postes de direction.
Quelques données à méditer, bien au-delà de la seule journée du 8 mars. Car il serait peut-être temps de s’emparer de cette question au-delà d’une seule journée par an, et de prendre conscience que la mixité est source de performance chaque jour que l’entreprise fait.