A l’occasion du deuxième épisode de la saison de 10 interviews : «RH : je ne veux pas revenir en 2015 », ce jeudi 24 septembre, vous découvriez l'interview de Thierry Geoffroy, chargé de mission à la direction générale de l’Afnor Certification, qui imaginera ce que serait le label diversité en 2025 ! Je vous propose une présentation de la démarche de labellisation.
1. Le label Diversité c’est quoi ?
Le label Diversité formalise la reconnaissance officielle, par une tierce partie, de la conformité, de l’efficacité et de l’amélioration continue d’un dispositif mis en œuvre par une entreprise ou un organisme, en matière de promotion de la diversité, d’égalité des chances et de prévention des discriminations, dans la gestion de ses ressources humaines et dans le cadre de ses différentes activités.
2. La promotion de la diversité concerne-t-elle uniquement la diversité des origines
Non, la promotion de la diversité concerne tous les critères légaux, aussi bien l’origine que le sexe, les mœurs, l’orientation ou l’identité sexuelle, l’âge, la situation de famille, la grossesse, les caractéristiques génétiques, l’appartenance à une ethnie, une nation ou une race, les opinions politiques, les activités syndicales ou mutualistes, les convictions religieuses, l’apparence physique, le nom de de famille, le lieu de résidence l’état de santé, le handicap…
L’entreprise définit des priorités, en fonction de sa propre situation, à la suite d’un diagnostic motivé.
3. Le label diversité couvre-t-il uniquement le domaine RH ?
Non, si une part importante est consacrée au management et au domaine RH (recrutement, intégration, gestion de carrière, formation, rémunération, communication interne), il concerne également la prise en compte de la promotion de la diversité dans ses relations avec ses clients ou usagers, ses fournisseurs, ses partenaires et acteurs territoriaux…
4. Comment évalue-t-on l’organisme ou l’entreprise qui souhaite être labellisé ?
L’évaluation est effectuée à partir des items d’un cahier des charges. Le cahier des charges du label Diversité a été réalisé à partir de documents nationaux et internationaux reconnus, d'accords sociaux, d'expériences d'entreprises, d'avis d'experts et de travaux de sociétés savantes et de travaux de normalisation (norme NF X50-784). Il s’est aussi associé le concours d’un groupe de travail, notamment celui de l’Association Nationale des Directeurs de Ressources Humaines (ANDRH), sous la coordination d’AFNOR. Un décret de 2008 en définit les règles.
L’organisme doit donc répondre aux items d’ un cahier des charges précis et structuré autour de six domaines :
Domaine 1 : l’état des lieux de la diversité ;
Domaine 2 : la définition et la mise en œuvre de la politique diversité ;
Domaine 3 : la communication interne, l’information, la sensibilisation et la formation ;
Domaine 4 : la prise en compte de la diversité dans la gestion des ressources humaines et l’activité de l’organisme ;
Domaine 5 : communication externe, ancrage territorial, relations fournisseurs, clients et usagers de l’organisme ;
Domaine 6 : l’évaluation et les axes d’amélioration de la démarche diversité.
5. Qui attribue le label ?
Le label est délivré par l’AFNOR Certification, après l’avis de la Commission Nationale Label Diversité, présidée par l’Etat. Elle comprend, outre les pouvoirs publiques, également les syndicats de salarié-e-s, les syndicats d’employeurs, ainsi que des experts désignés par l’Association Nationale des Directeurs de Ressources Humaines.
L’obtention du label se déroule en cinq étapes :
- Dépôt du dossier de candidature,
- Étude de la candidature par AFNOR Certification et constitution d’une équipe d’évaluateurs spécialisés,
- Évaluation initiale sur site(s), reconduite tous les deux ans et émission d’un rapport,
- Analyse du rapport d’évaluation par la Commission Nationale de Labellisation,échange entre les membres de cette commission et la structure candidate,
- Décision d’attribution du label par AFNOR Certification
6. Combien de temps l’entreprise est-elle labellisée ?
L’entreprise est labellisée pour une durée de quatre ans renouvelable, Ce renouvellement intervient à la suite d’évaluation(s) in situ associant la Commission nationale Label Diversité.
7. Y a-t-il beaucoup d’entreprises labellisées ?
Le succès du label Diversité est important, puisque plus de 400 entreprises privées sont déjà labellisées : France Télévisions, TF1, Radio France, Areva, PSA, Vinci, SFR, Veolia, Macif, Axa France…
Des organismes du secteur public sont également labellisés.
8. Le label est-il français ?
Oui. Ce label s’applique à ce jour sur le territoire français, mais le projet de labels européens, proches du Label Diversité français, est évoqué.
9. Les PME et les TPE sont-elles concernées ?
Il existe un seul label, mais il y a trois versions du cahiers des charges, chacune des versions correspondant à la typologie du demandeur:
- Pour les entreprises et organismes de plus de 50 salarié-e-s ;
- Pour les PME et TPE de moins de 50 personnes.
- Pour la fonction publique.
10. Label diversité : points forts et points faibles?
Label : les points forts
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Label : points faibles
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1. C’est une démarche structurante pour l’organisme (basée sur un cahier des charges) et très exhaustive.
2. Il couvre tous les critères de diversité et évite de définir des politiques en « silos » par critères (juxtapositions d’une politique handicap, égalité professionnelle, diversité sociale…). Elle est transverse et implique le management, les RH, la communication, les achats, les directions commerciales...
3. C’est une reconnaissance externe qui peut être valorisée en externe vis-à-vis de ses clients et de ses donneurs d’ordre (les acheteurs peuvent en faire un critère lors des appels d’offres)
4. C’est également une reconnaissance externe qui peut être valorisée en interne, accroitre la fierté d’appartenance des salariés et attirer des candidats ; il contribue à la marque employeur. Enfin, c'est un projet d'entreprise fédérateur, capable de mobiliser les équipes.
5. La labellisation pérennise la démarche (plan d’action, outils, procédures) et résiste bien aux changements de direction, de DRH…
6. C’est une démarche d’amélioration continue ; l’organisme définit un plan d’action, à 4 ans sur la base d’un diagnostic
7. Les partenaires sociaux doivent être impliqués dans le dispositif (information, implication, signature d’accords…)
8. La démarche a un effet positif en termes de processus RH, car elle conduit l'organisation à mettre en place une approche plus objective, basée exclusivement sur les compétences (recrutement, gestion de carrière)
9. Il concerne tous les secteurs (privé et public) et de toute taille
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1. La démarche qui peut être perçue comme lourde, notamment pour les petite structure, qui n'ont pas d'interlocuteur dédié
2. Elle implique un investissement et donc un coût
3. Il est difficile d’’évaluer les organismes de façon homogène
4. Le label n’est pas international
5. Le label n’est pas assez porté par les différents ministères et il n’y a pas assez de communication externe sur le dispositif.
6. Le label n’est pas connu par le grand public
7. Une entreprise qui est exemplaire en matière de promotion de la diversité mais dont le dialogue social est tendu peut être pénalisée.
8. Certains experts considèrent que le label est trop centré sur les processus et insuffisamment sur les résultats réels de l’organisme en matière de diversité.
9. Le entreprise matures ayant obtenu le label, il y a quelques années, peuvent "s'essoufler" et rencontrer des difficultés à prolonger la mobilisation des acteurs de l'entreprise.
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