1/2 1/2
La pandémie que nous connaissons dans le monde bouleverse nos relations sociales et notre économie, entraînant de la part des états, une action politique que nous n’aurions jamais imaginée, il y a seulement quelques mois. En France, face à la crise du coronavirus, Emmanuel Macron a appelé à inventer de nouvelles solidarités et Bruno Le Maire un nouveau capitalisme.
Réinterroger nos valeurs personnelles ?
Cette crise sanitaire imposera de transformer profondément nos vies personnelles, dans notre quotidien, dans notre rapport à l’autre, mais également, notre consommation, notre mobilité. Elle nous conduira à réinterroger la hiérarchie de nos valeurs et à orienter différemment nos vies, par choix ou par contrainte.
…Et celles de l’entreprise ?
La plupart des grands groupes et de plus en plus de PME, depuis une vingtaine d’années, se sont engagés dans la voix d’une plus grande Responsabilité Sociale (RSE), en intégrant volontairement des préoccupations notamment sociales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes. La RSE est aujourd’hui une composante de la stratégie de l’entreprise et est ancrée dans le paysage entrepreneurial. Elle peut être motivée notamment par la contrainte, notamment en Europe depuis directive de 2014 ou en France avec les lois NRE, Grenelle ou les Lois de Vigilance, par les convictions de la direction ou par la pression des parties prenantes.
S’intégrant dans cette politique RSE ou en parallèle de celle-ci, les organisations se sont engagées dans une démarche de promotion de la diversité et de prévention des discriminations. En Europe, la directive sur l'égalité en matière d'emploi et de la directive sur l'égalité entre les « races » adoptée en 2000 a offert un cadre structurant. En France, outre la transposition de ces directives, des mouvements sociaux en 2005, avec les émeutes dans les banlieues, des initiatives de la société civile avec la création de la Charte de la diversité en 2014, du Label Diversité en 2008, ont contribué à éveiller les consciences sur les enjeux de la diversité dans le monde du travail et ont conduit de nombreuses entreprises à l’action.
Aujourd’hui, depuis le début de la crise sanitaire, de multiples initiatives solidaires en direction de parties prenantes externes se développent de la part des entreprises et l’on assiste à un véritable engouement pour l’intérêt général…Ainsi, Hermès annonce un don de 20 millions d’euros et renonce à une partie des dividendes des actionnaires. BNP Paribas, LVMH et Sanofi effectuent des dons en faveur de l’AP-HP. La Fondation L’Oréal décide de faire un don d’un million d’euros à ses associations partenaires engagées dans la lutte contre la précarité et propose des kits d’hygiène à destination des travailleurs sociaux, des bénévoles et des bénéficiaires. Au sein des entreprises agroalimentaires, les initiatives solidaires se multiplient, dans des sociétés telles que Daunat, le Groupe Bel, la Maison Cointreau, Ferrero, Findus ou encore le distributeur Lidl, avec le soutien aux personnels soignants et aux professions en première ligne, des dons aux associations caritatives ou pour la recherche médicale…(2)
Et en interne ? Les directions d’entreprises ont-elles dû aménager des actions différenciées selon leur populations ? Ont-elles intégré la notion de diversité dans leur démarche ? Ont-elles affronté des phénomènes de rejet de certaines populations ou de discrimination ?
Avant la pandémie, la diversité était perçue comme un enjeu central
En 2020, avant la crise sanitaire, la diversité était perçue comme un enjeu central pour les entreprises : 92% des signataires de la Charte de la diversité considéraient que la question des discriminations et de la diversité était importante ou très importante. Beaucoup estimaient que la diversité était indispensable pour améliorer l’image de l’entreprises auprès des consommateurs et clients, mais aussi afin de mieux gérer les ressources de l’entreprise et d’améliorer la productivité interne. Dans cette même enquête, de plus en plus d’entreprises motivaient leur engagement par l’intégration de la diversité à une démarche globale RSE. Au sein de cette politique RSE, la priorité était accordée aux sujets internes à dominante sociale, telles que la qualité de vie au travail, la santé/sécurité au travail, l’insertion/intégration professionnelle. Les actions diversité n’étaient plus uniquement considérées comme des moyens pour rétablir l’égalité des chances vis-à-vis de populations potentiellement discriminées. Elles sont vues comme des contributions à un meilleur bien-être, à une amélioration des comportements (8e édition 2019 du « Bilan diversité ») .
Il est certainement plus facile de s’engager dans une démarche de Responsabilité sociétale et de promotion de la diversité, pour l’entreprise quand sa situation économique est au beau fixe…Qu’en est-il dans le contexte de pandémie ? La crise ne constituera-t-elle pas un test de robustesse des politiques diversité des entreprises ?
La crise sanitaire : un crash test pour les politiques diversité ?
Depuis le début de la pandémie, les DRH et nous les comprenons, sont fort occupés pour gérer la continuité de l’activité et définir les nouvelles organisations de travail dans le cadre du confinement et du déconfinement, garantir la santé et la sécurité des salariés…Peu d’entre eux ont pris la parole sur les thématiques diversité. Ces dernières seront-elles mises en sourdine pendant quelques mois au profit d’autres urgences ?
Pourtant, plusieurs problématiques ont émergé et justifient de s’y intéresser…Pour ce faire, nous interrogerons plusieurs DRH et directrices ou directeurs diversité et débattrons avec vous de ces différents thèmes dans une série de dix articles :
- Les directions des ressources humaines vont-elles sacrifier leur politiques diversité pour gérer la crise sanitaire ?
- Les femmes ont-elles davantage subi les conséquences de l’épidémie, de part les métiers qu’elles exercent ? Ont-elles été pénalisées en raison des organisations familiales et de la répartition des tâches domestiques encore inégalitaires ?
- Les personnes en situation de handicap ou dont l’état de santé est fragile ont-elles vécu différemment les contraintes imposées par le confinement et le déconfinement ? Quel sera l’impact de la pandémie sur le recrutement des personnes en situation de handicap ?
- La pandémie a-t-elle entraîné davantage d’humanisme. Au contraire, y a-t-il un risque de repli sur soi, en raison du confinement et de la distanciation sociale ? Détectons-nous des risques de xénophobie ou de racisme ? L’entreprise doit-elle être vigilante à cet égard ?
- Les LGBT-phobies à l’égard de jeunes que nous avons constatées dans les foyers familiaux pendant la pandémie incitent-elles les entreprises à conduire des actions solidaires en faveur de ce public fragilisé ?
- Les entreprises qui s’étaient peu engagées en faveur des politiques intergénérationnelles jusqu’alors sont-elles confrontées à des difficultés spécifiques à l’âge de leurs salariés ? Est-ce que la montée du chômage à venir risque de freiner le recrutement de certaines populations en fonction de leur âge ?
- Les directions des entreprises misent de plus en plus sur les soft skills. Et si la crise sanitaire faisait émerger de nouvelles compétences requises, par exemple, la capacité à faire preuve de solidarité ou à favoriser le bien-travailler ensemble, propice à faire vivre la diversité ?
Quel est votre avis ?
Débattons ensemble sur ce thème !
Les commentaires récents