LA VISION DE FRÉDÉRIC FAYE, DRH DU GROUPE APICIL : "GARDER LE CAP ET ACCÉLÉRER LA TRANSFORMATION DE NOTRE MODÈLE"
Avant la pandémie, la diversité était perçue comme un enjeu central pour les entreprises. Dans une série de dix articles, j’ai souhaité débattre avec des DRH et Responsables Diversité pour connaître l’impact de la crise sur les politiques Diversité dans les entreprises.
Écoutons Frédéric Faye, Directeur des Ressources Humaines et membre du Comité de direction, du Groupe Apicil, 4è groupe français de protection sociale employant plus de 2 000 salariés.
Une gestion de crise complexe pour les DRH : jongler entre obligations et prévention
Depuis le début de l'épidémie mondiale de coronavirus, Frédéric Faye constate qu’avec son équipe, ils sont au cœur de la crise, jonglant au mieux entre obligations et prévention : « nous sommes tenus de veiller à la bonne santé et à la bonne sécurité de nos salariés d’une part, les accompagner dans la continuité de service qu’ils apportent à nos clients, de prendre les mesures de communication et de prévention ajustées avec les collaborateurs, les managers et nos partenaires sociaux, chaque semaine face à l’évolution de la situation du déconfinement. Il ajoute que « le management de ces opérations est complexe, challengeant, apprenant et mobilise toutes les parties prenantes ».
Politique diversité : garder le cap Le Groupe Apicil s’était fortement engagé en matière de promotion de la diversité et pour Frédéric Faye, « rien ne saurait modifier, à ce jour, l’échéance du projet de labellisation et son obtention au 1er trimestre 2021 ». Néanmoins, le groupe a dû nécessairement réduire, voire supprimer les événements qu’il organisait ou auxquels il était associé, compte tenu du confinement qui interdisait tout rassemblement en interne et en externe.
Sa vision est sans ambiguïté : « La situation que nous vivons a le mérite de nous mettre tous sur le même plan d’égalité face à l’adversité. Elle doit nous amener à renforcer nos ambitions d’amorcer, voire d’accélérer une volonté de transformer nos sociétés, par le biais notamment d’une réorganisation fondamentale de nos systèmes économiques et sociaux et d’une évolution de nos paradigmes, de la confiance que nous nous accordons, de nos objectifs et engagements en matière de politique RSE, et de l’incarnation durable de nos valeurs. »
Composer avec l’organisation familiale et la continuité de service
Pour Frédéric Faye, le confinement accroît la charge des femmes comme des hommes qui doivent composer avec une organisation familiale complexe à gérer avec les enfants à charge et la continuité de service à assurer en télétravail ou travail à domicile pour lequel il a fallu s’adapter. Ce contexte a conduit la Direction des Ressources Humaines à prendre plusieurs initiatives : « nous avons mis en place les mesures qui s’imposaient pour préserver la charge mentale de nos collaborateurs avec un service d’assistance psychologique et sociale parfaitement sécurisé. Les retours que nous avons sur ce service apporté à nos collaborateurs sur les mois de mars et avril nous permettent d’affirmer que nous n’avons pas enregistré de détresse psychologique liée spécifiquement aux circonstances de la pandémie ».
Frédéric Faye demeure néanmoins prudent et pense que « les situations de confinement prolongées peuvent très vite devenir explosives sur la durée ».
Handicap, racisme : pas de conséquences identifiées à ce jour
A ce jour, la Direction des Ressources Humaines n’a pas eu encore connaissance de situations plus mal vécues par les collaborateurs en situation de handicap. Cependant, Frédéric Faye lancera des questionnaires dans le cadre d’un Rex (méthode de retour d’expérience structurée), afin de lever le voile sur les situations rencontrées par chacun et sur lesquelles l’entreprise pourra tirer tout enseignement.
De même la direction de l’entreprise n’a pas identifié de conséquence particulière en termes de racisme ou de xénophobie et Frédéric Faye insiste sur la continuité avec les dispositifs déjà mis en place avant la pandémie : « de toute manière si nous devions enregistrer de telles situations, elles seraient systématiquement sanctionnées ».
Travailleurs âgés : pas de difficultés recensées
Frédéric Faye constate que l’entreprise tire les bénéfices de sa politique RH conduite avant la pandémie. Il n’a pas été alerté de situation à risques pour les travailleurs âgés. Il souligne qu’il « y a eu certes une période d’appropriation des outils mais l’entreprise avait déjà bien développé le télétravail et les outils collaboratifs ». En revanche, l’entreprise a dû déployer de nouveaux dispositifs pour accompagner la relation de travail et le management à distance, notamment à l’aide de webinar.
Enfin, en ce qui concerne le lieu de résidence, le travail à distance et les modalités proposées pour les collaborateurs résidant loin de leur lieu de travail habituel « ont permis de contourner ces difficultés et d’éviter de les stigmatiser ou générer de la précarité ».
La pandémie sollicite notre capacité au bien-travailler ensemble, propice à faire vivre la diversité
Est- ce que la pandémie fait évoluer les attentes de l’entreprise en matière de soft skills ou de valeurs ? La capacité à faire preuve de solidarité ou à favoriser le bien-travailler ensemble, propice à faire vivre la diversité seront-elles davantage sollicitées ? Selon Frédéric Faye insiste sur le fait que « ces soft skills sont déjà le socle commun du référentiel de compétences du Groupe Apicil ». Et selon lui, « il est évident qu’elles prennent toute leur dimension dans le contexte auquel nous devons nous habituer ».