C’est une première pour Les Echos avec un dossier complet de huit pages « Salariés LGBT+, pourquoi ça regarde l’entreprise », ce lundi 19 décembre 2022 consacré entièrement à l'inclusion des personnes LGBT+ dans le monde professionnel.
Un sujet de plus en plus bienvenu dans l’entreprise
En premier lieu, c’est le signe manifeste que ce sujet encore tabou il y a quelques années et longtemps relégué à la seule vie privée et donc non légitime dans la sphère professionnelle entre dans la lumière. Et visibilise une population trop souvent dans le placard…
Et ce n’est pas étonnant lorsque l’on sait que les personnes LGBT+ représentent plus de 7% de la population active française (sondage Gallup 2022), soit plus de 2 millions de salariés, sans compter toutes celles et tous ceux qui sont concernés de près par le fait d’avoir un proche LGBT+ ou tout simplement les salariés sensibles aux droits humains…
C’est la traduction évidente d’une évolution de la société française. Le dernier sondage de L’Autre Cercle réalisé par Ipsos (2022) révèle d’ailleurs que 66% des Français pensent que l’entreprise doit tout faire pour favoriser l’inclusion LGBT+.
L’inclusion des personnes LGBT+ : une opportunité pour les entreprises
En deuxième lieu, c’est la manifestation d’un nouveau paradigme, à savoir le passage d’une approche davantage sociale, défensive et focalisée sur la prévention des discriminations - et toujours d’actualité - vers une vision d’opportunité, en considérant que l’inclusion des personnes LGBT+ est facteur de performance. Le pari est que des salariés, fiers d’être ce qu’ils sont et pouvant donner le meilleurs d’eux-mêmes seront davantage engagés et donc contribueront bien plus à la réussite de l’entreprise. Certes, les directions s’engagent pour des motivations de responsabilités sociale, mais également de performance de leur organisation. Pour certaines marques, c’est également l’opportunité d’intégrer la thématique de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre et d’être en cohérence en interne avec le marketing externe en direction de ses clients…une manière d’aligner sa marque employeur sur sa marque commerciale.
Le pouvoir des acteurs économiques
En troisième lieu, le fait que la presse économique se saisisse de l’inclusion des personnes LGBT+ au travail, est probablement le signe qu’elle a compris que les états et les ONG ne peuvent à eux seuls faire évoluer les mentalités et les comportements. Les médias économiques se font le relais d’une nouvelle tendance : l’immense pouvoir des acteurs économiques pour faire évoluer la cause LGBT+. Dans cette logique, l'ONU a lancé en 2017 « Les normes mondiales de conduites à l’intention des entreprises pour lutter contre les discriminations à l’égard des LGBTI » et soutenues par plusieurs centaines de grands groupes. Les entreprises ont le pouvoir de promouvoir la diversité, ainsi que la culture du respect et de l’égalité, à la fois pour leurs salariés dans leur environnement de travail, mais également à l’égard de leurs fournisseurs, de leurs distributeurs et de leurs clients LGBT+. Elles peuvent également se faire « l’avocat » des droits LGBT+ dans les pays où elles mènent des activités. Et pourquoi pas influencer les états.
Si aujourd’hui plus de 230 organisations en France ont signé la Charte d’Engagement LGBT+ de L'Autre Cercle représentant plus de 2 millions de salariés, c’est certainement pour des raisons internes afin d’améliorer les conditions de travail de leurs employés, c’est aussi par conviction qu’elles peuvent faire progresser la société française.
Autre exemple outre-Atlantique : en 2021, plus de 400 sociétés américaines dont Apple, IBM, Amazon et Pepsico s’étaient réunies pour manifester leur soutien envers la communauté LGBT+ en faveur d’un projet de loi sur l’égalité qui avait pour objectif de modifier la loi existante et d’interdire spécifiquement la discrimination dans de nombreux domaines sur la base de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre. Aux États-Unis, en 2021, le Nasdaq, le gendarme de la Bourse, a même décidé d’obliger les entreprises cotées sur son marché de publier des statistiques sur le genre, l’orientation sexuelle des membres de leur conseil d’administration…
Et quand une direction met en place des formations en interne sur l’inclusion des personnes LGBT+ et sensibilise aux stéréotypes, cela rejaillit sur tous les salariés, lesquels sont aussi des citoyens…Et quand une entreprise lance une campagne de publicité banalisant l’homosexualité, comme ce fut le cas, lorsqu’en 2019, le Groupe Renault Group a mis en scène deux lesbiennes conduisant la célèbre Clio, cela rejaillit sur l’ensemble des consommateurs, lesquels sont aussi des citoyens…
Un tel dossier n’avait pas été réalisé depuis que La Tribune avait consacré pas moins de 40 pages en 2019 avec un titre provocateur et courageux : « Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, on vous enc…La Tribune vous encourage ». C’était à l’occasion de la journée internationale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie (#IDAHOBIT) et du soutien de Jean-Christophe Tortora, son président et Rôles modèles LGBT+ Dirigeant de L’Autre Cercle (2022) à la première édition des Rôles modèles LGBT+ & Allié·es de L’Autre Cercle. Bravo aux Echos pour le professionnalisme, la finesse des analyses sur un sujet complexe et sensible, les nombreuses interviews et investigations pour rendre ce sujet accessibles à toutes et à tous.
Ces deux dossiers sur l’inclusion des personnes LGBT+ au travail dans la presse économique en France à trois ans d’intervalle illustrent bien l’intrication entre l’économique et le social et le rôle majeur que peuvent jouer les acteurs économiques pour les droits humains, notamment des personnes LGBT+.
Voici une synthèse des articles du dossier Les Echos Start :
✅ « Discriminations, moqueries, autocensure... Les LGBT+ à la peine au travail », article de Samuel Chalon. Un tiers des salariés LGBT + a été victime d'au moins une agression LGBTphobe dans son organisation, d'après la dernière édition du baromètre Ifop de l'association L'Autre Cercle. Preuve que les difficultés que peuvent rencontrer les LGBT + ne s'arrêtent pas aux portes de l'entreprise. Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne. Et les petites entreprises sont encore à la traîne, comme le souligne Denis Triay, président de L’autre Cercle.
Article : ici
✅ « Ouissem Belgacem, son combat contre l'homophobie dans le sport », article de Marion Simon-Rainaud. Pendant plus de vingt ans, Ouissem Belgacem a caché son homosexualité. En mai 2021, il fait son coming out dans son livre « Adieu ma honte » (Ed. Fayard). Depuis, il arpente plateaux télé, entreprises et clubs de foot pour https://start.lesechos.fr/societe/egalite-diversite/ouissem-belgacem-des-brigades-anti-gay-du-club-de-foot-a-la-couverture-de-tetu-1889871incarner la lutte contre les discriminations LGBT +. Ouissem Belgacem est Rôles modèles LGBT+ Dirigeant de L’Autre Cercle (2022).
Article : ici
✅ « Coming Out : Alexandre Maymat, un membre du codir de la Société Générale, se raconte », article de Florent Vairet. Polytechnicien, blanc, catholique, homosexuel, il aura fallu attendre la cinquantaine pour qu’Alexandre Maymat fasse son coming out, d'abord à lui-même, puis auprès de ses collègues de la Société Générale où il siège au comité de direction en tant que responsable Global Transaction & Payment Services. ALexandre Maymat est Rôles modèles LGBT+ Dirigeant de L’Autre Cercle (2022).
Article : ici
✅ « Kaï, Miléna... Ces salariés ont changé de genre au bureau ». L’article de Choé Marriault raconte comment certains salariés effectuent leur transition de genre dans le cadre professionnel, changent de prénom, de pronom, parfois d'apparence. Si des entreprises ont mis en place des dispositifs pour les accompagner, d'autres n'ont rien prévu à cet effet.
Article : ici
✅ « Les réseaux professionnels LGBT+ pour booster sa carrière ? », article de Marie Roy. Les réseaux LGBT + sont-ils (vraiment) un tremplin pour la carrière ? De plus en plus présents dans l'Hexagone, les ERG (Employer Resource Group) LGBT+ permettent une meilleure inclusion et visibilité de cette communauté dans le monde du travail. Mais est-ce un levier utile pour accélérer sa carrière ? Ils aident surtout aux personnes LGBT+ à se rendre visibles et il ne faut pas fantasmer sur le soi-disant communautarisme et lobby LGBT+…
Article : ici
✅ Dans ma tribune, « Appel aux salariés non LGBT+ : vous devez aussi agir pour l'inclusion de vos collègues », j’invite les personnes non-LGBT+ au travail, à développer leur « alliétude », néologisme que nous avons développé au sein de l’association qui œuvre pour l’inclusion des personnes LGBT+, L’Autre Cercle et qui se caractérise par un engagement actif, au-delà de la seule sympathie ou bienveillance.
Ma tribune : ici