Près de sept Européens sur dix pensent que les efforts dans leur pays sont efficaces ou modérément efficaces.
C’est ce qui ressort de l’enquête européenne Eurobaromètre 2023 réalisée par KANTAR, pour la Commission Européenne, auprès de plus de 26 000 répondants dans les 27 pays de l’Union européenne (voir à ce sujet mes derniers articles notamment sur la discrimination relative à l’origine ou la couleur de peau et concernant les personnes LGBT+) *
En effet, lorsqu’on leur demande quelle est l’efficacité des efforts déployés dans leur pays pour lutter contre toutes les formes de discrimination, près de quatre personnes interrogées sur dix (38%, +2 points depuis mai 2019) déclarent que ces efforts sont « modérément efficaces ». Un peu plus de trois répondants sur dix (31%, +5 points) décrivent ces efforts comme « efficaces », tandis que 27% (-1 point) déclare qu’ils ne sont « pas efficaces ».
Ce résultat peut surprendre si l’on considère que plus de la moitié des européens déclarent qu'il existe une discrimination répandue dans leur pays, du fait d'être Rom, en raison de la couleur de peau, de l'origine ethnique, de l'identité de genre (être transgenre), ou de l'orientation sexuelle, selon cette même enquête.
Mais, des écarts selon les pays
Dans sept États membres de l’Union européenne, la proportion de personnes interrogées estimant que les efforts déployés dans leur pays pour lutter contre toutes les formes de discrimination sont efficaces est supérieure à celle de ceux qui estiment qu’ils sont modérément efficaces ou pas efficaces. C'est le cas en Finlande, au Luxembourg, en Irlande, en Autriche, en Roumanie, en Pologne et en Espagne. Plus d'un tiers des personnes interrogées partagent également cette opinion au Danemark (39%) et en Belgique (38%).
Dans 16 États membres, les personnes interrogées sont les plus susceptibles de considérer les efforts déployés dans leur pays pour lutter contre la discrimination comme modérément efficaces, avec les proportions les plus élevées en Suède, aux Pays-Bas, en Tchéquie et en Slovaquie.
Dans cinq États membres de l’Union européenne, la proportion la plus élevée de personnes interrogées considèrent que ces efforts ne sont pas efficaces : Chypre, la Croatie, la Bulgarie, Malte et la Hongrie.
Et en France ? Les Français sont un peu plus sévères que la moyenne européenne. En effet,64% des Français considèrent les politiques comme étant modérément efficaces ou efficaces (versus 69% en Europe. Plus précisément, 40 % des répondants déclarent que ces efforts sont « modérément efficaces » (versus 38% en Europe) et 24% décrivent ces efforts comme « efficaces » (versus 31% en Europe).
Des écarts de perception de l’efficacité, selon les catégories sociodémographiques
L’efficacité perçue est supérieure pour ceux qui ont suivi des études jusqu’à 20 ans (par rapport à ceux qui ont quitté l’école à 15 ans ou avant), pour les cadres et employés (par rapport aux chômeurs et aux retraités, ou encore pour ceux qui se positionnent à droite de l'échiquier politique (par rapport à ceux qui se situent à gauche ou au centre).
Par ailleurs, les personnes interrogées ayant personnellement été victimes de discrimination au cours des 12 derniers mois sont moins susceptibles que celles qui n'en ont pas été victimes de croire que les efforts déployés dans leur pays pour lutter toutes les formes de discrimination sont efficaces.
Enfin, les personnes interrogées qui se considèrent comme faisant partie d’un groupe minoritaire sont plus susceptibles que celles qui ne le considèrent pas de penser que ces efforts ne sont pas efficaces. Par exemple, 39 % de ceux qui s'identifient comme appartenant à une minorité en raison de leur orientation sexuelle (par exemple, être lesbienne, gay ou bisexuelle) ou d'un handicap partagent ce point de vue, contre 26 % de ceux qui ne s'identifient pas à un groupe minoritaire.
Promotion de la diversité : en fait-on assez ?
Près de la moitié des Européens pensent qu’en matière de promotion de la diversité, l’on n’en fait pas assez dans leur région.
Lorsqu'on leur demande si leur autorité locale fait suffisamment d'efforts pour promouvoir la diversité dans la région où ils vivent, 44 % des personnes interrogées répondent « non », alors que 38% répondent « oui ».
Des écarts selon les pays
Dans 13 États membres de l'Union européenne, la part des personnes interrogées estimant que leur autorité locale en fait suffisamment pour promouvoir la diversité dans la zone où elles vivent est plus grande que la part de ceux qui ne le pensent pas, avec les niveaux les plus élevés au Luxembourg, au Danemark, en Suède et en Finlande. La majorité est plus étroite en Slovaquie, en Tchéquie et en Estonie.
Cependant, dans 13 états, la proportion de personnes interrogées qui déclarent que leur autorité locale ne fait pas assez pour promouvoir la diversité dans la zone où elles vivent est plus élevée que la proportion de celles qui pense qu’elle en fait suffisamment. Moins d'un tiers des personnes interrogées donnent une réponse positive dans neuf États membres, et moins d'un quart en Pologne, au Portugal, en Bulgarie, en Croatie à Chypre et en Italie.
Des écarts selon les caractéristiques sociodémographiques
Les hommes sont plus susceptibles que les femmes de penser que leur autorité locale fait suffisamment pour promouvoir la diversité dans la région où ils vivent. C’est également le cas pour ceux âgés de 40 à 54 ans (notamment par rapport à ceux âgés de 15 à 24 ans), les Européens qui ont suivi leurs études jusqu'à 20 ans ou plus (par rapport à ceux qui ont terminé leurs études à 15 ans ou avant), ainsi que les cadres (par rapport à toute autre catégorie socioprofessionnelle, notamment les personnes au foyer, les chômeurs et les étudiants). Il en est de même pour les personnes interrogées au centre et à droite de l'échiquier politique (par rapport à ceux qui sont à gauche).
De plus, les Européens qui ont personnellement été victimes de discrimination au cours des 12 derniers mois sont beaucoup plus susceptibles que ceux qui n'en ont pas été victimes de répondre que leur autorité locale en fait suffisamment pour promouvoir la diversité.
Enfin, les personnes interrogées qui s'identifient comme appartenant à une minorité sont plus susceptibles de dire qu'on n'en fait pas assez, en particulier celles qui s'identifient à un groupe minoritaire sur la base de leur identité de genre (66 %) et les Roms (64 %), par rapport à ceux qui s'identifient à une minorité qui ne s'identifient pas à un groupe minoritaire (43%).
Plus particulièrement, sur le lieu de travail dans les pays de l’Union Européenne : en fait-on assez en matière de promotion de la diversité ?
Seuls 35% des répondants européens pensent que l’on en fait assez (37 % répondent « non »)
Des écarts selon les pays…
Dans 17 États membres de l’Union européenne, la proportion de personnes interrogées estimant qu’on en fait suffisamment pour promouvoir la diversité sur leur lieu de travail est plus élevée que celles qui estiment qu’on n’en fait pas assez. Plus de la moitié des personnes interrogées partagent ce point de vue au Luxembourg, au Danemark, en Suède et en Finlande. Cette différence est plus étroite en Autriche, à Malte, en Espagne et en Slovénie et en Slovaquie.
En revanche, dans neuf pays, seule une minorité de personnes interrogées estiment qu'on en fait suffisamment pour promouvoir la diversité sur leur lieu de travail, les proportions les plus faibles étant enregistrées en Pologne (17 %), ainsi qu'au Portugal et en Bulgarie (20 % chacun).
Et en France ? Les Français se révèlent moins critiques que les européens en ce qui concerne la promotion de la diversité sur le lieu de travail. En effet, 39% estiment qu’on en fait suffisamment pour promouvoir la diversité sur le lieu de travail (soit 4 points de plus que la moyenne européenne), tandis que 28% pensent que non (soit 9 points de moins que la moyenne européenne).
Des écarts selon les catégories sociodémographiques
Il est intéressant de noter que les hommes sont plus susceptibles que les femmes de considérer qu'on en fait suffisamment pour promouvoir la diversité sur leur lieu de travail, de même que les 25 à 54 ans (en comparaison de ceux de 55 ans et plus et ceux de 15 à 24 ans), les managers et enfin ceux qui se positionnent au centre et à droite de l’échelle politique (par rapport à ceux qui se positionnent à gauche).
Plus on se sent discriminé, moins on pense que les politiques diversité sont suffisantes
Les Européens qui se sont personnellement sentis discriminés au cours des 12 derniers mois (48 % pour plusieurs motifs et 42 % pour un seul motif) sont plus susceptibles que ceux qui ne l'ont pas été (36 %) de répondre que les mesures prises pour lutter contre la discrimination ne sont pas suffisantes.
Enfin, les personnes interrogées qui se considèrent comme faisant partie d'un groupe minoritaire en raison de leur couleur de peau (46%) ou de leur religion (40%) sont plus susceptibles de considérer que l'on en fait assez, notamment par rapport aux Roms (25%), les répondants handicapés (28 %) et ceux qui s'identifient comme une minorité en raison de leur identité de genre (29 %).
* Special Eurobarometer 535, Discrimination in the European Union, European Commission, Décembre 2023