En 2021, en effet, 9,1 % des personnes en emploi âgées de 15 à 74 ans déclarent avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations dans leur emploi actuel. Ce ressenti peut être la traduction de faits effectivement vécus dans le cadre professionnel, mais aussi le reflet d’une plus ou moins grande sensibilité à la question des discriminations. C’est ce qui ressort de la dernière enquête publiée ce mois-ci de l’Insee (enquête Emploi 2021 et module complémentaire à l’enquête Emploi 2021).
Quels sont les motifs de discrimination au travail invoqués ? En premier lieu, le sexe (19%), en deuxième lieu, les origines (11%), suivis par l’âge (7%), les opinions syndicales ou politiques (6%), l’état de santé et le handicap (6%). L’apparence physique n’est citée qu’à hauteur de 2% et le lieu de vie, ainsi que l’orientation sexuelle à hauteur de 1%.
Le sexisme est le principal motif de discrimination au travail.
Le motif sexiste est la première source de discrimination au travail, cité par 19 % des personnes en emploi déclarant des traitements inégalitaires ou des discriminations. Les femmes en emploi déclarent davantage que les hommes avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations au travail (11,3 % contre 7,0 %). Parmi les femmes déclarant avoir fait l’objet de traitements inégalitaires dans leur emploi actuel, 30 % estiment que le sexisme en est la principale raison, contre seulement 2 % de leurs homologues masculins.
Plus de la moitié des immigrés déclarent leurs origines comme motif principal de discrimination.
Les origines sont le deuxième motif de discrimination le plus cité par les personnes en emploi déclarant avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations dans l’emploi (11 %). C’est particulièrement ressenti parmi les immigrés et leurs descendants. Ainsi, 57 % des immigrés et 21 % des descendants d’immigrés mettent en relation des traitements inégalitaires vécus avec leurs origines. Au total, 4,9 % des immigrés en emploi déclarent avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations liés à leurs origines, contre 0,3 % des personnes sans ascendance migratoire directe.
Près d’une personne en mauvais état de santé sur quatre déclare avoir subi des traitements inégalitaires au travail.
23,4 % des personnes en emploi s’estimant en mauvais ou très mauvais état de santé déclarent avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations au travail, contre 7,7 % des personnes jugeant être en bon ou très bon état de santé. Les personnes en emploi en mauvais ou très mauvais état de santé sont 21 % à considérer que ces traitements sont principalement imputables à leur état de santé ou à leur handicap, ce motif étant pour elles le plus cité, devant le sexe.
Des conséquences lourdes pour l'employeur
Outre le caractère injuste de ces inégalités et la perte d'opportunités professionnelles qu'elles représentent pour les personnes concernées, ces discriminations sont également lourdes de conséquences, en termes d'anxiété, de dommage psychologique, d'isolement social et de baisse de l'estime de soi.
Ces inégalités de traitements sont également dommageables pour l'employeur, puisqu'elles sont un impact clair sur l'engagement et la rétention de leurs collaborateurs discriminés. En effet, un tiers des personnes ayant subi des traitements inégalitaires au travail souhaitent changer d’emploi. Comme le relate l’enquête, le fait de subir des traitements inégalitaires ou des discriminations au travail pèse sur la satisfaction relative à l’emploi occupé. En effet, en 2021, si 90 % des personnes estimant ne pas avoir subi de traitements inégalitaires au travail se disent plutôt satisfaites ou très satisfaites de leur emploi, cette proportion n’est que de 62 % parmi celles déclarant au contraire en avoir fait l’objet.