Et voilà. A l’heure où je vous parle (lundi 10h27) lorsqu’on tape sur Google le très banal « annonce ANPE » on tombe désormais, dès la première page, sur une occurrence (pas n’importe laquelle, c’est le forum de linux.fr) renvoyant vers la fameuse annonce de Pondichéry...
« Ah, l’annonce faite à Pondichéry... »
Cela sonne comme une déclaration amoureuse au temps des Maharajahs, mais c’est en fait – vous le savez bien – cette fameuse offre d’emploi d’une société informatique française installée en Inde qui propose à des informaticiens un royal salaire compris entre 10.000 et 20.000 roupies mensuels. Mais si l’on prend la calculette, cela nous fait une rémunération comprise entre 160€ et 320€. Royal, je vous le disais...
« Je ne connais pas le droit du travail en Inde mais cela ne m'étonnerait pas que l'on puisse être viré plus facilement là-bas, renchérit Nicolas Cornu sur le forum linux.fr. (...) si ça plante quelque part, je pense que tu n'as pas 36 solutions. T'es obligé de rentrer en France. Comme c'est un contrat local, tu n'auras pas le droit au chômage en France. Et vu l'argent que tu auras pu économiser... »
C’est assez bien vu. Il semble que l’employeur devant le raffut provoqué, ait décidé de retirer l’annonce, et l’on entend d’ici le « ouf » de soulagement des dirigeants de l’ANPE.
En effet, qu’est-ce que cet organisme d’Etat, censé encadrer la recherche d’emploi dans l’esprit du droit du travail français est-il allé faire dans cette galère ? Fin du premier épisode.
Reste maintenant à se demander s’il ne faut pas voir là un signe des temps.
La mondialisation, dans ses bons et ses mauvais côtés impose, on le sait, un nouveau paradigme. Elle est incontournable, elle conditionne les économies, les flux de marchandises et de biens, les échanges financiers mais aussi – et surtout – la vie des hommes et des femmes ; d’ailleurs étymologiquement, « économie » signifie en grec « oïkos nomia », l’administration de la maison commune. En résumé, l’économie mondialisée (au même titre que les modèles précédents) fait partie intégrante de l’activité humaine : des milliards d’hommes et de femmes travaillent ou cherchent du travail, devant chez eux ou à des milliers de kilomètres, selon qu’ils sont surdiplômés ou bien poussés par la famine, ou bien comme en Occident, par la précarité...
Aussi, il y a fort à parier que d’autres annonces de ce jour fleuriront d’une façon ou d’une autre dans les colonnes du site de l’ANPE (qui semble-t-il ne peut pas légalement les refuser) sans parler des opérateurs privés, job boards, etc.
Certains évidemment, vont se réjouir de cette « flexibilité » nouvelle, quand d’autres vont s’alarmer du fossé grandissant des inégalités. Ils auront tous les deux raison. A mon sens, l’important dans ce monde qui nous est donné, c’est de ne pas l’accepter comme fini. C’est en regardant les choses en en face, en s’en saisissant comme d’événements qu’il convient de maîtriser, que l’on doit imaginer de nouvelles formes de régulations dans cet univers mondialisé.
C’est un défi d’une complexité infinie, c’est une époque de tous les dangers, mais il faut se retrousser les manches et continuer, encore et encore, à aménager ce monde du mieux – et du moins mal – que l’on peut...
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