1. Dire « la journée de LA femme »
Cette journée bénéficie de différentes appellations, chacune d'entre elles, véhiculant une certaine conception politique. L’ONU francophone parle de « journée internationale de la femme », le gouvernement français de « journée internationale des droits des femmes » et les militant·e·s de « journée de lutte pour les droits des femmes ». Pour simplifier, certains disent la « journée des femmes ». Mais, ne dites surtout pas la « journée de LA femme ». Depuis 2016 le Comité ONU Femmes France mène « une campagne active pour que ces mauvaises traductions soient corrigées ». (International Women’s Days. Women est au pluriel, et non pas au singulier).
Les féministes, et je partage cette position, dénoncent l'utilisation du singulier « la femme », qui mettrait à l’honneur un soi-disant idéal féminin, accompagné de ses attributs : cadeaux, roses ou parfums ; ce qui est en totale contradiction avec l’esprit de cette journée.
Bon sinon, vous me copierez 100 fois : « Journée internationale des droits des femmes »…
2. Acheter des produits dans une enseigne qui confond le 8 mars avec la SAINT VALENTIN !
Non, le 8 mars n’est pas la Saint-Valentin…Le 8 mars, c’est une journée de mobilisation en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes et il faut le rappeler !
Il est vrai que de moins en moins d’enseignes, selon mes recherches effectuées sur le Web, cette année, se sont risquées à attirer les foudres des féministes (dont je fais partie…).
En voici quand même une glanée chez E. Leclerc à Saint-Vincent-de-Tyrosse (Landes, France) : « cette année, notre centre E. Leclerc Tyrosse célèbre la journée de la femme. Le Samedi 7 mars, nous offrons une rose à chacune d’entre vous lors de notre passage en caisse ».
Interflora l’a bien compris avec son slogan cette année : « N’offrez pas de fleurs pour la journée de la femme. Dimanche 8 Mars ce n’est pas la journée de la femme, mais la journée internationale des droits des femmes ». L’année dernière, Flora (le nom d’emprunt de la géniale Community Manager) avait utilisez cette pirouette en nous provoquant : « Découvrez notre sélection de bouquets pour la journée de la femme 💐 ». En cliquant sur le lien les internautes étaient redirigés vers une page expliquant que ce n’est pas la journée de la femme mais la journée des droits des femmes et que les femmes ne veulent pas de fleurs pour cette journée mais l’égalité avec les hommes. Bon, je l’avoue, je me suis fait avoir également…
3. Considérer que mon engagement s’arrête à UNE seule journée dans l’année
Les inégalités sont telles, que nous ne devons pas baisser la garde les autres 364 jours de l’année ! Comment ? En agissant contre les discriminations, en tant qu’employeur, en œuvrant pour prévenir toute forme de comportement sexistes en tant que collègue, en tant que citoyen pour contrecarrer les stéréotypes de genre. Et en tant que média, en tant que militant, en tant que politique…
4. Dire : « la #discrimination à l’encontre des femmes existait. Oui, mais PLUS AUJOURD'HUI ! »
En 2019, Le service des droits des femmes et de l'égalité entre les femmes et les hommes (SDFE) (1) publiait les chiffres clés en France. Toujours aussi consternant…En voici quelques-uns :
- Part des femmes ayant été témoin de discriminations du fait de leur sexe : 27%
- Part des femmes auxquelles on a déjà demandé, au cours d’un entretien d’embauche, si elles comptaient avoir des enfants bientôt : 37%
- Écart de salaires entre les hommes et les femmes : 24% (écart de revenu salarial), 18,5% (écart en EQVT), 9% (à poste et compétences égales)
- Part des tâches domestiques réalisées par les femmes : 72%
Et leur représentation est loin d’être paritaire dans les instances de direction, selon L'Observatoire Skema , en 2020, les femmes occupent 3,33% des 120 postes de Président et/ou Directeur Général des 60 plus grandes entreprises du CAC40+20 : 0 femmes PDG, 2 femmes présidente du conseil d’administration, 2 femmes Directrice Générale (2)
5. Dire : « les #préjugés à l’encontre des femmes, ça s’était AVANT... »
Eh bien non, ce n’est pas un fantasme ! 9 personnes sur 10 dans le monde ont des préjugés sexistes. Selon une une étude des Nations Unis, publiée le 6 mars 2020, la plus grande partie de la population mondiale, hommes et femmes confondus, nourrit a moins un préjugé envers les femmes. Telles sont les conclusions du nouvel Indice des normes sociales relatif à l’égalité des sexes.
Ainsi, environ la moitié des hommes et des femmes dans le monde estiment que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques. Plus de 40 % pensent que les hommes sont de meilleurs dirigeants d’entreprises et que les hommes devraient être prioritaires lorsque les emplois sont rares. Enfin, 28 % pensent qu'il est normal qu'un homme batte sa femme.
Et en France ? Plus d’une personne sur deux (56 %) a au moins un préjugé sexiste…
Cette analyse suggère que des « barrières invisibles » entravent tous les aspects de la vie des femmes, notamment au foyer, et qu’elles sont construites autour de préjugés généralisés envers les femmes, partagés dans le monde entier par les femmes tout autant que les hommes.
7. Dire : « ELLES le cherchaient bien »
Eh bien non ! Selon la La dernière enquête du collectif #NousToutes , dévoilée par le Parisien, le 3 mars de cette année et consacrée au consentement dans les rapports sexuels (menée en France auprès de 100 000 femmes), ce sont 9 femmes sur 10 qui déclarent avoir déjà subi des pressions pour avoir un rapport sexuel, et cela est même arrivé plusieurs fois pour 88% d'entre elles. Parmi ces pressions, près de la moitié (49,1%) des femmes interrogées rapportent qu'elles ont été qualifiées de "frigides", "coincées", "chiantes", "pas normales" par leur partenaire. Enfin, 70% des femmes interrogées affirment avoir accepté un rapport sexuel sans envie, mais "sans pression", un quart d'entre elles culpabilisant même de cette situation.
7. Dire : « La journée du 8 mars, ça ne ME CONCERNE PAS en tant qu’homme »
L’égalité entre les femmes et les hommes, c’est d’abord une question de droits humains et en tant qu’homme, je suis donc concerné, comme je le suis à propos du racisme ou de la discrimination à l’encontre des personnes en situation de handicap. Les hommes ne doivent plus être considérés comme « résistants aux conquêtes des femmes, mais comme acteurs et demandeurs d’une égalité globale, dont tous et toutes tireront profit. » Les rapporteurs d’une publication passionnante de Terra Nova publication passionnante à ce sujet (4) insistent sur le fait que les hommes doivent « s’interroger sur les coûts cachés de la masculinité pour eux-mêmes, pour leurs compagnes, leur famille et la société tout entière. Vulnérabilité physique et mentale, moindre longévité, violence contre soi et autrui, forte dépendance à l’identité professionnelle : les hommes ne sont pas que les vainqueurs du jeu social, à bien des égards ils sont dominés par leur domination ». *
Et si vous souhaitez savoir quel type de féministe vous êtes, que vous soyez une femme ou un homme…, je vous recommande l’excellent test (qui m’a beaucoup interrogé) : " Quel.le féministe êtes vous ? " , de La Tribune de Genève :
Donc toutes et tous concernés !
8. Dire que l’Index de l’égalité professionnel est encore « une CONTRAINTE DE TROP pour les entreprises »
L'Index de l'égalité professionnelle permet aux entreprises de mesurer les écarts de rémunération entre les sexes et de mettre en évidence leurs points de progression. Cet index se traduit par une note sur 100 et celles qui obtiennent moins de 75 doivent agir pour améliorer la situation en mettant en place des « mesures correctives » afin d’atteindre au minimum 75 dans les trois années suivantes. En cas d’échec ou de refus de publication de l’index, les groupes s’exposent à une pénalité pouvant représenter jusqu’à 1% de leur masse salariale annuelle, précise la rue de Grenelle.
Quels sont les enseignements des index des 1200 plus grandes entreprises ?
- La situation globale s’améliore en 2020, avec une note moyenne pour l’ensemble des entreprises passée de 83 à 87. Ouf !
- Le nombre d’entreprises ayant obtenu une note parfaite – 99 ou 100 points -, dites « égalitaires », est passé de 36 à 55. Ouf !
- 19 sociétés restent sous la note de 75 : elles seront rapidement mises en garde par la direction générale du travail (DGT), qui leur rappellera qu’elles disposent de deux ans pour améliorer leur score.
Vous êtes bien d’accord…L’inégalité entre les femmes et les hommes est bien réelle. L’index le met en exergue, tout comme il enjoint les entreprises à le réduire. Et ce n’est pas une contrainte de trop..
Bon, nous en reparlons le 8 mars 2021!
(1) Vers l’égalité réelle, entre les femmes et les hommes, l’essentiel, Chiffres-clés- Edition 2019, Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) – Service des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes (SDFE).
(2) Observatoire Skema de la féminisation des entreprises Diversité & Inclusion au sein CAC40. La féminisation des instances de gouvernance et plafonds de verre des entreprises du CAC40 : quel impact sur les performances économiques et boursières ? Edition 2020, Michel Ferrary
(3) Human development perspectives,Tackling social norms, A game changer for gender inequalities, United Nations Development Programme (UNDP), 2020. Cette étude s’appuie sur une base de données provenant de 75 pays représentant plus de 80 % de la population mondiale, issues du World Values Survey, relevées entre 2005 et 2014.
(4) Projet 2012 Contribution n°4 – L’implication des hommes, nouveau levier dans la lutte pour l’égalité des sexes, Les propositions de Terra Nova
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