Un livre sur l’entretien en entreprise… « Oui et alors ? » pourraient se dire nombre de DRH ou salariés. L’entretien fait partie de l’arsenal des ressources humaines, on le connaît, on le pratique, à tel point qu’il apparaît comme un exercice obligatoire, hérité d’un formalisme un peu désuet. Quand on ne le redoute pas…
« Mon boss m’a convoqué à un entretien. » Mauvais signe…
Pourtant, à l’heure où l’on prône les vertus du dialogue et un esprit « collaboratif », il faudrait en finir avec l’image stéréotypée de l’entretien-sanction. C’est tout l’objet du petit livre, très pratique pour le professionnel non aguerri, de Benjamin Chaminade.
Quand elle est bien managée, une politique d’entretiens permet très efficacement d’enrichir les relations entre un salarié et son entreprise. « En menant des entretiens réguliers avec vos salariés sur les problèmes qu’ils peuvent rencontrer, explique Benjamin Chaminade dans son introduction, vous améliorez leur satisfaction et leur motivation. »
L’auteur y met un préalable : la formation des cadres chargés de conduire les entretiens où bien sûr il est question de qualité d’écoute, de compréhension, etc.
Suivent ensuite, tout au long de ce livre-outil, des pages sur la façon de conduire les différents entretiens propres à l’entreprise ; quelles sont les bonnes questions à poser à l’occasion d’un entretien de recrutement, d’intégration dans une équipe, de développement professionnel, sans oublier l’entretien de départ qui revêt plus d’importance qu’on ne l’imagine.
Une limite cependant à l’ouvrage : l’auteur s’en tient aux questions mais n’offre pas de grille de lecture des réponses du salarié.
Sans vouloir me faire de la pub, je vous renvoie à mon livre « Comment recruter sans discriminer » publié par A Compétence Egale » ou bien encore « Prévenir la discrimination à l’embauche » ou sont évoquées les questions relatives aux centres d’intérêt et à la motivation.
On s’aperçoit alors que certaines questions peuvent rapidement être discriminatoires (« appartenez vous à une association ? ») ; certaines peuvent entraîner des réponses dépourvues de neutralité comme la demande relative aux lectures. Au fond, il ne faut jamais oublier l’essentiel, la raison d’être d'un entretien d’embauche : les questions doivent porter sur la compétence !
Exemple : « pouvez vous me citer des compétences que vous avez développées en dehors du travail ? » On laisse la main au candidat à propos de sa vie privée. Dès lors, libre à lui d’aborder ses lectures, ses engagements associatifs…
Les questions portant sur le déménagement du candidat ne peut également être posées. Sans parler du tristement célèbre : « n’êtes vous pas trop jeune (ou trop âgé) pour ce poste ? »…
Je focalise sur l’entretien de recrutement, parce que c’est le cœur de mon métier, mais il me semble important de rappeler également ce point : de nombreuses études en psychologie indiquent que l’entretien n’est pas la méthode la plus prédictive de la réussite professionnelle.
Les tests d’aptitudes très développés dans les pays anglo-saxons, mais aussi les assessments centers se révèlent plus efficaces. Au bout du compte, ces entretiens, très structurés, sont plus valides que les entretiens non structurés qui laissent la part belle à la subjectivité du recruteur.
Donc, oui aux vertus de l'entretien, mais avec la prudence qui s'impose..
Benjamin Chaminade
« Les entretiens dans l’entreprise »
Editions Groupe Studyrama
« Prévenir la discrimination à l'embauche »
Guide A Compétence Egale « Comment recruter sans discriminer »
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