Europe, la perception des discriminations des personnes LGBT+ est encore répandue, mais une majorité se sentirait à l’aise avec un dirigeant politique LGBT+ ou de travailler avec des collègues LGBT+… Et en France ?
Orientation sexuelle : plus de la moitié des européens pensent que la discrimination est répondue dans leur pays
Dans l’Union européenne, un peu plus de la moitié (54 %) des répondants pensent que la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle(le fait d’être lesbienne, gay ou bisexuel) est répandue dans leur pays (il n’y a pas eu de changement notables depuis 2019). C’est ce qui ressort de l’enquête européenne Eurobaromètre 2023 réalisée par KANTAR, pour la Commission Européenne, auprès de plus de 26 000 répondants dans les 27 pays de l’Union européenne (voir mon analyse sur les critères de l’origine et de la couleur de la peau dans mes précédents articles et posts).
Cependant les écarts entre pays sont très importants : dans plusieurs pays, deux tiers ou plus des personnes interrogées déclarent que la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle est répandue dans leur pays : Grèce (74 %), Italie (72 %), Portugal (70 %) et Chypre (67 %). En revanche, ils ne sont pas plus d'un tiers à le dire en Tchéquie (24%), en Estonie et en Slovaquie (31% chacune), ainsi qu'en Lettonie (33%).
Identité de genre : plus de la moitié des européens pensent que la discrimination est répondue dans leur pays
Plus de la moitié (57 %) des répondants européens pensent que la discrimination fondée sur l’identité de genre (être transgenre) est répandue dans leur pays, cette proportion étant en forte augmentation par rapport à 2019 (+ 9 points). Cette augmentation est particulièrement forte au Luxembourg (+19 point), en Allemagne et au Danemark (tous deux +17 points) et aux Pays-Bas (+15 points).
La croyance en une discrimination généralisée fondée sur l'identité de genre est la plus élevée parmi les personnes interrogées en Italie (74 %), aux Pays-Bas (69 %) ainsi qu'au Portugal et en Suède (tous deux 68 %). C'est en Tchéquie (22 %) ainsi qu'en Estonie et en Lettonie (27 % dans les deux cas) qu'il est le plus faible. La Tchéquie (55%) est le seul pays où au moins la moitié des personnes interrogées déclarent que ce type de discrimination est rare.
Quelles sont les populations les plus sensibles aux discriminations fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ?
En premier lieu, les femmes sont légèrement plus susceptibles que les hommes de déclarer que la discrimination est répandue dans leur pays sur la base de l'orientation sexuelle (57 % contre 51 %) et de l'identité de genre (être transgenre : 59 % contre 55 %).
Les personnes interrogées âgées de 55 ans ou plus sont les moins susceptibles de penser que la discrimination à l'encontre de ces groupes est répandue (49 % des personnes âgées de 55 ans, contre 60 à 65 % dans les tranches d'âge plus jeunes).
Les étudiants constituent le groupe professionnel le plus susceptible de penser que la discrimination à l'encontre de chacun de ces groupes est répandue dans leur pays.
Ceux qui se situent à gauche du spectre politique sont plus susceptibles de penser que la discrimination est répandue dans leur pays. Par exemple, 66 % pensent qu’il existe une discrimination généralisée fondée sur l’identité de genre (être transgenre), contre 51 % de ceux qui se situent à droite de l’échiquier politique.
Les personnes interrogées qui se considèrent comme lesbiennes, gays ou bisexuelles sont plus susceptibles de penser que la discrimination est répandue dans ces trois domaines (orientation sexuelle identité de genre, intersexe). Il en va de même pour les répondants qui se considèrent comme transgenres ou intersexués.
En outre, les personnes interrogées qui se considèrent comme faisant partie d'autres groupes minoritaires sont également plus susceptibles de déclarer que la discrimination est répandue sur la base de l'orientation sexuelle, plus particulièrement les répondants qui se considèrent comme faisant partie d'une minorité en raison de la couleur de leur peau (68%) et ceux qui se considèrent comme ayant un handicap (66%).
Deux tiers des européens se sentiraient à l’aise avec une personne lesbienne, gay ou bisexuelle qui occuperait une fonction politique la plus élevée dans leur pays
En effet, 68 % des personnes interrogées dans l'Union européenne déclarent qu'elles se sentiraient à l'aise si une personne lesbienne, gay ou bisexuelle occupait le poste politique le plus élevé du pays, et 13 % supplémentaires déclarent qu'elles se sentiraient modérément à l'aise dans cette situation. Une personne sur six (16 %) déclare qu’elle se sentirait mal à l’aise.
Néanmoins, il existe une grande diversité d’opinions selon les pays. Plus de neuf personnes interrogées sur dix aux Pays-Bas (95 %) ainsi qu'en Irlande et en Suède (tous deux 91 %) déclarent qu'elles se sentiraient à l'aise dans cette situation, contre des proportions bien plus faibles en Bulgarie (20 %) et en Roumanie (27 %).
Dans 24 pays, les personnes interrogées sont plus susceptibles de déclarer qu'elles se sentiraient à l'aise plutôt que mal à l'aise avec une personne lesbienne, gay ou bisexuelle occupant le poste politique le plus élevé du pays. Dans les trois autres États membres, les personnes interrogées sont plus susceptibles de déclarer se sentir mal à l'aise plutôt qu'à l'aise : Bulgarie (59% mal à l'aise et 20% à l'aise), Roumanie (49% mal à l'aise et 27% à l'aise) et Lituanie (45% mal à l'aise et 37% à l'aise).
Environ six personnes interrogées sur dix (58 %) dans l’ensemble de l’Union européenne déclarent qu’elles seraient à l’aise si une personne transgenre ou intersexuée occupait la plus haute fonction politique élue de leur pays. Il existe cependant des variations considérables selon les pays. Au moins huit personnes sur dix déclarent qu'elles seraient à l'aise avec cela aux Pays-Bas (86 %), en Suède (82 %) ainsi qu'en Irlande et en Espagne (tous deux 80 %). A l'autre extrémité de l'échelle, moins d'un tiers disent la même chose en Bulgarie (18%) et en Roumanie (25%).
Et au travail ? La majorité serait à l’aise de travailler avec des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres ou intersexuées ; une proportion plus faible avec les personnes transgenres
En effet, 75 % des personnes interrogées dans l'Union européenne se sentiraient à l'aise d'avoir un contact quotidien avec un ou une collègue lesbienne, gay ou bisexuelle (+ 3 points par rapport à 2019). 10 % déclarent qu'ils se sentiraient modérément à l'aise dans cette situation, tandis que 12 % déclarent qu'ils se sentiraient mal à l'aise.
Dans tous les pays sauf trois, plus de la moitié déclare qu’ils se sentiraient à l'aise d'avoir un collègue de travail lesbien, gay ou bisexuel. Les proportions les plus élevées sont observées aux Pays-Bas (98 %), en Suède (96 %), en Irlande (94 %) et au Danemark (93 %). Moins de la moitié des personnes interrogées déclarent qu'elles se sentiraient à l'aise en Bulgarie (28%), en Roumanie (37%) et en Hongrie (48%). La Roumanie et la Bulgarie sont les seuls pays où les personnes interrogées sont plus susceptibles de dire qu'elles seraient mal à l'aise plutôt qu'à l'aise.
Près de sept personnes interrogées sur dix (69 %) dans l'Union européenne déclarent qu'elles seraient à l'aise en contact quotidien avec un collègue transgenre ou intersexué au travail. Un peu plus d'une personne sur dix (12 %) se sentirait modérément à l'aise, tandis que 15 % déclarent qu'elles se sentirait mal à l'aise.
La majorité des européens soutient les relations et les droits LGBT+
En effet, 74 % des répondants européens conviennent qu'il n'y a rien de mal dans une relation sexuelle entre deux personnes du même sexe (+2 points par rapport à 2019), et 46 % sont tout à fait d'accord. 72 % estiment que les mariages entre partenaires de même sexe devraient être autorisés dans toute l'Europe, et 45 % d'entre eux se déclarent « totalement d'accord » avec cette proposition.
69 % des répondants conviennent que les personnes lesbiennes, gays et bisexuelles devraient avoir les mêmes droits que les personnes hétérosexuelles, 43 % d'entre elles se déclarant « tout à fait d'accord ».
Près des deux tiers (64 %) sont d'accord pour dire que les personnes transgenres devraient avoir les mêmes droits que n'importe qui d'autre, dont 39 % qui sont tout à fait d'accord.
Bien que le soutien global à ces aspects des droits et des relations LGBTIQ soit fort, il existe des variations considérables entre les pays. Aux Pays-Bas (95 %), en Suède (94 %) et au Danemark (92 %), plus de neuf personnes interrogées sur dix conviennent que les personnes lesbiennes, gays et bisexuelles devraient avoir les mêmes droits que les personnes hétérosexuelles. En revanche, moins de trois personnes sur dix sont d'accord en Bulgarie (21%), en Roumanie (27%) et en Lituanie (29%).
Dans l'ensemble, près des deux tiers (64 %) des personnes interrogées dans l'Union européenne conviennent que les personnes transgenres devraient avoir les mêmes droits que n'importe qui d'autre. Mais là encore, les niveaux d’accord varient considérablement entre les États membres. Plus de huit personnes interrogées sur dix aux Pays-Bas et en Suède (tous deux 91 %), au Danemark (88 %) et en Espagne (84 %) sont d'accord, tandis que moins d'un tiers sont d'accord en Bulgarie (21 %), en Roumanie (27 %) et en Lituanie. (28%) et la Slovaquie (31%).
Et en France ?
En France, la proportion de répondants pensant que la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle est répandue est très supérieure à la moyenne européenne et atteint 65%, mais c’est également le cas pour tous les autres critères de discrimination. Il faut noter une baisse de 8 points depuis 2019, laquelle traduit une amélioration de la situation des personnes LGBT+ dans notre pays et une forme d’apaisement, dix ans après l’adoption de la loi sur le mariage entre personnes de même sexe et les débats houleux dans toute la société française. Aujourd’hui de nombreux acteurs politiques admettent s’être trompés et ne remettent pas en question les avancées des droits des personnes LGBT+. Néanmoins, il convient de relativiser ce progrès, comme le souligne le rapport 2023 de SOS homophobie, avec le regain des violences à l’encontre des personnes LGBTI dans l’espace publique, ainsi que la haine en ligne. Dans ce même rapport l’association insistait sur la hausse inquiétante des agressions physiques (en 2022, 184 cas recensés, en hausse de 28 % par rapport à 2021).
La proportion de répondants pensant que la discrimination fondée sur l’identité de genre est répandue est très supérieure à la moyenne européenne et atteint 66%. Il faut noter une augmentation de 9 points en France depuis 2019, en cohérence avec l’évolution moyenne dans les pays européens (+ 9 points également). Dans son dernier rapport, SOS homophobie dénonçait une explosion de la transphobie et une augmentation de 27% des témoignages de transphobie par rapport à l’année précédente. La France n’est malheureusement pas épargnée par cette tendance.
Autre signe de l’évolution de la société française : 84% des Français conviennent qu'il n'y a rien de mal dans une relation sexuelle entre deux personnes du même sexe, soit 10% de plus que la moyenne européenne. 79 % estiment que les mariages entre partenaires de même sexe devraient être autorisés dans toute l'Europe, soit 7 points de plus que la moyenne européenne. De même, la proportion de répondants qui conviennent que les personnes lesbiennes, gays et bisexuelles devraient avoir les mêmes droits que les personnes hétérosexuelles, atteint 78% (soit 9 points de plus que la moyenne européenne).
Les Français sont-ils plus enclins à accueillir des dirigeants politiques LGBT+ que les dans les autres pays de l’Union européenne ? L’eurobaromètre le confirme avec 78% des répondants qui déclarent qu'ils se sentiraient à l'aise si une personne lesbienne, gay ou bisexuelle occupait le poste politique le plus élevé du pays ; ce qui représente 10 points de plus que la moyenne européenne…La bonne réception de la nomination de Gabriel Attal à la responsabilité de Premier ministre le traduit…
Et au travail ? 88 % des Français interrogés se sentiraient à l'aise d'avoir un contact quotidien avec un ou une collègue lesbienne, gay ou bisexuelle (+1 point par rapport à 2019), soit 13% de plus que la moyenne de l’Union européenne. De même, 82 % des personnes interrogées se sentiraient à l'aise d'avoir un contact quotidien avec un collègue transgenre ou intersexué au travail, soit 13% de plus que la moyenne de l’Union européenne. Néanmoins, les derniers chiffres du baromètre 2023 Ifop-L’Autre Cercle dont j’ai conduit le projet montrent que la situation demeure difficile pour une part importante des personnes LGBT+ dans la sphère professionnelle : 1 personne LGBT+ sur 2 n’est toujours pas visible dans son organisation, un tiers d’entre elles a été victime d’au moins une agression LGBTphobe dans son organisation…Plus de la moitié des LGBT+ a déjà entendu des expressions LGBTphobes au travail et 53% des lesbiennes et femmes bisexuelles ont subi une discrimination et/ou agression au travail…
Ces données issues de l’Eurobaromètre, si elles sont encourageantes, confirment pourtant, malgré un cadre législatif bien ancré dans les pays de l’Union européenne, la nécessité de poursuivre les politiques publiques en matières prévention des discriminations fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre et d’engager tous les acteurs concernés, notamment les médias, l’école, le monde du travail et celui du sport.
Et vous en 2024 ? Vous souhaitez une année uniforme, monochrome, monotone, saturée de clones ?
Alors que 35% des salariées et salariés craignent d’être un jour victimes de discrimination au sein de leur entreprise, notamment en raison de l'âge, de l’apparence physique, du diplôme, du sexe, de l'état de santé et du handicap...
Alors que 80% estiment avoir au moins une caractéristique potentiellement stigmatisante, relative au fait d’être senior, à l’origine sociale, au surpoids, au handicap, au parcours scolaire ou professionnel atypique, au fait d’avoir des enfants en bas âge, à l’état de santé, aux croyances et pratiques religieuses, à l’origine ou la nationalité étrangère, à « l’originalité ou l’excentricité physique ou vestimentaire », à l'origine ethno-raciale réelle ou perçue, à l’orientation sexuelle et l’identité de genre, au militantisme, à l’origine sociale aisée, au fait d’habiter une banlieue ou un quartier prioritaire et/ou sensible, d’être aidant familial ou de porter un signe religieux visible.*
2024, excellente année...résolument DIVERSE !
Au cours de laquelle, chacune et chacun pourra être soi-même, quelle que soit sa différence…
Alain Gavand
Pour des Ressources plus Humaines
Conseil en diversité : audit, formation et accompagnement
Recrutement : approche directe, formation