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« Une fois de plus, cette crise a démontré l’absence de parole et d’expression dans les médias, notamment à la télévision, des habitants des quartiers populaires. La France doit opter pour une vision sociétale inclusive, en entendant la parole et les propositions des personnes victimes d’exclusion et/ou de discrimination ».
Avant la pandémie, la diversité était perçue comme un enjeu central pour les entreprises et dans la société française. Dans une série de dix articles, j’ai souhaité débattre avec des DRH, des Responsables Diversité et des observateurs de la société française pour connaître l’impact de la crise sur les politiques Diversité dans les entreprises et dans notre pays.
Écoutons Marc Chebsun, éditorialiste, auteur, qui dirige dailleursetdici.news, dont l’objectif est de changer les regards sur toutes les composantes sociales, religieuses, « ethniques » de la société française. Le directeur de « D’ailleurs et d’ici » constate que son média numérique a été fort heureusement moins gêné que la presse papier. Il a, au contraire, a constaté une hausse de fréquentation du site Internet. En mars 2020, il publie son premier roman « Et je veux le monde », aux éditions JC Lattès.
Il nous livre un regard plus sociétal sur le vécu de la pandémie et qui complète parfaitement les précédentes interviews de la série, dont les angles d’analyse étaient davantage orientés autour du monde de l’entreprise. Cet éclairage, notamment sur le vécu dans les quartiers populaires, devrait certainement être pris en considération par les directions d’entreprises…
Une pandémie, des vécus différents
Ce qui a frappé principalement Marc Chebsun pendant la crise sanitaire, ce sont les contrastes importants dans les manières de vivre cette période. « Chacun a vécu des réalités différentes, par exemple, à la campagne, certains ont parfois été déconnectés de la pandémie et de ses contraintes, alors que pour d’autres, dans de grandes agglomérations, l’expérience a été très difficile, voire traumatique. Ces différences de vécu ont rendu la communication et les échanges plus malaisés, que ce soit dans les univers privés ou ceux du travail ».
Marc Chebsun constate que « beaucoup d'adolescents, quand ils avaient la possibilité de vivre cette période confortablement, ont aimé être dans un cocon ; cela renvoie à des peurs de la sociabilité ». En revanche, pour d’autres, par exemple ceux qui ont vécu dans des espaces réduits, ont été très éprouvés par la crise.
La nécessité de dresser le bilan de l’impact de la pandémie dans les quartiers populaires
Plusieurs commentateurs ont dénoncé, notamment aux Etats Unis, le fait que la pandémie était un révélateur des inégalités sociales et qu’elle touchait particulièrement les Afro-Américains. Et en France ? Pour Marc Chebsun, « on le sait pour les pays anglo-saxons, comme toujours sur ce sujet. En revanche, pour la France, on ne sait rien, du fait du tabou sur la question des origines et de l’absence de statistiques. On ne sait rien objectivement, à partir de chiffres. Mais, l’on peut supposer, à partir de données sociales, que si le département de Seine-Saint-Denis a été plus touché d’un point de vue sanitaire, il semble évident que les minorités l'ont été également. Il importera d’en dresser le bilan. En outre, interrogeons-nous sur des conséquences sociologiques possibles de la pandémie dans les quartiers populaires ou pour certaines minorités ».
La pandémie est également un activateur de stéréotypes
A-t-on identifié des risques de xénophobie ou de racisme dans ce contexte de pandémie ? Pour Marc Chebsun, il ne faut pas oublier le racisme anti asiatique qui s'est fortement manifesté au début de l'épidémie. Au-delà, il déplore « la tendance à pointer du doigt les banlieues pour leur légendaire insoumission aux règles de savoir-vivre y compris sanitaire ». Alors que bon nombre des personnes, qui étaient « en première ligne dans les professions indispensables, tels que les éboueurs, les caissiers ou les aides-soignants, vivent dans ces quartiers ».
"L'invisibilisation" des habitants des quartiers populaires dans les médias, durant la crise sanitaire
Une fois de plus, pour Marc Chebsun, « cette crise a démontré l’absence de parole et d’expression dans les médias, notamment à la télévision, des habitants des quartiers populaires. » Un constat qui fait l’unanimité de la part des jeunes qui ont participé aux ateliers que Marc Chebsun a continué d’animer en mode digital sur Zoom et Instagram. Ainsi, Sandra, 17 ans, de Charleville-Mézières, écrit dans l’un de ces ateliers :
« Mon père est tombé malade, et après ma mère. On ne nous a pas proposé d’hébergement. Du coup mes parents étaient dans une pièce, nous dans l’autre. Ce qui m’a le plus choqué, c’est tous ces gens qui racontaient leur vie de confinés à la télé. Je me disais vraiment que nous, on n’existait pas. A la limite on parlait de nous pour nous, mais jamais on nous a donné la parole. « Dans le 93 », « dans les cités », mais merde on n’est pas des cobayes. Et les gens qui vous soignent à l’hôpital, qui lavent les hôpitaux, qui sont aux caisses des supermarchés, qui vident les ordures, qui bossent dans les maisons de retraite, vous croyez qu’ils vivent où ? Et avec ça, ils nous parlent du « monde d’après » ! Je suis en colère et je veux l’écrire ».
« Cette pandémie démontre à quel point l’exclusion peut être forte », retient Marc Chebsun. Selon lui, « la France doit opter pour une vision sociétale inclusive, en entendant la parole et les propositions des personnes victimes d’exclusion et/ou de discrimination. Nous en sommes très loin. » *
* D'ailleurs et d'ici
Votre avis ?
✅ Selon l’avocate Sabrina Kemel, interviewée par Philippe Duport sur France Info : non
« il s'agit d'une atteinte aux libertés individuelles à l’encontre de la protection du secret médical....C’est en outre une discrimination basée sur l’état de santé du salarié. »
✅ En entreprise, selon l’avocate, on a le droit de pratiquer certains tests salivaires ou éthylotests, mais ils sont réservés à une certaine catégorie de personnels, ceux qui conduisent des machines par exemple, et sont pratiqués par un membre du service de santé, avec validation des IRP. Ils doivent aussi figurer dans le règlement intérieur et être effectués selon certaines conditions.
✅ Dans le cas du test de précaution anti-Covid, soutient, Maître Kemel, « on marche sur les libertés fondamentales. Cela créerait une distinction, une #discrimination entre les salariés selon leur état de santé. »
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